La délation antisémite sous l'Occupation

2007; Presses de Sciences Po; Volume: n° 96; Issue: 4 Linguagem: Francês

10.3917/ving.096.0137

ISSN

1950-6678

Autores

Laurent Joly,

Tópico(s)

Communism, Protests, Social Movements

Resumo

Résumé L’histoire de la dénonciation en France pendant la seconde guerre mondiale est davantage objet de croyances et de représentations que de connaissance. Le sujet semble polémique et difficile à aborder sur le plan scientifique. En nous fondant sur les registres du courrier « arrivée » du Commissariat général aux Questions juives (CGQJ), tenus à jour de janvier 1942 à août 1944, ainsi que sur les neuf mille dossiers nominatifs constitués par sa direction du Cabinet, nous avons tenté de caractériser et d’évaluer le phénomène particulier de la délation antisémite sous l’Occupation. Impliquant principalement des hommes, majoritairement non anonyme, elle revêtit un caractère politique et « idéologique » beaucoup plus marqué que les autres types de délations. En effet, elle s’inscrivait dans une tradition de l’antisémitisme français, habitué, depuis Édouard Drumont, à dénoncer l’« influence juive » dans la presse et les officines spécialisées. Si le phénomène fut relativement important (vingt mille missives ont été, selon les estimations les plus basses, enregistrées par les services du CGQJ), seules une minorité de lettres eut des conséquences directement criminelles. Dans la majorité des cas, la délation accompagna simplement le processus de persécution.

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