Erreurs de traduction volontaires et paresse du contresens
2010; Volume: 11; Linguagem: Francês
10.4000/anabases.826
ISSN2256-9421
Autores Tópico(s)Historical and Literary Studies
ResumoSi rarement on avoue des erreurs volontaires de traduction, le paradoxe est celui de la persistance des erreurs de traduction corrigées dans les textes dits canoniques : il existe une véritable « paresse » du contresens, qui est l’envers de ce que Marc Bloch appelait la « passivité ». Dans les deux cas, le texte traduit manque à sa vocation téléologique, qui est de servir la discipline qui la mobilise (histoire, épigraphie, archéologie, philosophie, etc.). L’analyse menée au xviie siècle par Claude Gaspar Bachet de Meziriac dans De la traduction (1635), avec sa typologie des erreurs de traduction, n’a rien perdu de son actualité, mais son application à deux traductions exemplaires – les Analectes de Confucius – et le Testimonium Flavianum – oblige à relativiser les conséquences que l’on peut en tirer. Répondant à des choix plus ou moins délibérés ou avoués, l’erreur acquiert une certaine légitimité. Il apparaît alors qu’un choix de traduction, légitime en soi parmi d’autres choix possibles, fait jurisprudence au risque du contresens quand il finit par exclure d’autres traductions. L’augustinisme politique, avec le thème du recours de Jésus à la violence, ou la théologie du mariage née de contresens de saint Jérôme sont deux exemples, parmi bien d’autres, que l’erreur de traduction devenue un fait acquis crée son propre espace de signification, entre paresse du contresens et erreur volontaire.
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