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Implications des stratégiesdémographiques dans l'expression des innovations morphologiques chez les brachiopodes articulés

1997; Elsevier BV; Volume: 30; Linguagem: Francês

10.1016/s0016-6995(97)80105-2

1777-5728

Jean‐Pierre Garcia, Patrick R. Rachebœuf, Bernard Laurin,

Marine Bivalve and Aquaculture Studies

L'évolution des brachiopodes articulés depuis le Paléozoïque est ponctuée de nombreuses innovations morphologiquesdont certaines ont participé à la diversification du groupe. Comme chez d'autres groupes d'organismes marins, celles-ci ont été mises en relation avec les périodes transgressives qui augmentent les surfaces colonisables favorables à la conquête de nouvelles niches. Il apparaît que certaines innovations morphologiques ne sont que la conséquence de l'adoption de stratégies opportunistes d'occupation de l'espace couplées aux hétérochronies de développement. Ces stratégies sont révélées chez les brachiopodes fossiles par la petite taille des adultes, la mortalité juvénile, la taphonomie des populations, la faible diversité des communautés. Les hétérochronies du développement associées au sein de ces petites populations sont des processus pédomorphiques (et particulièrement la progénèse) responsables d'innovations morphologiques éphémères, ou stables pendant plusieurs millions d'années, qui sont ensuite exploitées et développées par le groupe (de l'espèce à la famille). Quatre exemples sont présentés correspondant à des échelles de temps différentes et des innovations plus ou moins profondes et durables: 1/ le genre Cererithyris au Jurassique (limite Bathonien-Callovien), où C. nutiensis se différencie de C. intermedia par l'intermédiaire de populations opportunistes qui occupent d'éphémères substrats de fixation (coraux) sur des fonds normalement boueux; 2/ le groupe des Ornithellidés au Jurassique (Bathonien-Callovien) dont les itérations morphologiques s'expliquent par l'exploitation répétée de substrats coquilliers produits par l'effet de condensation en période transgressive; 3/ le genre Homeorhynchia au Toarcien-Aalénien dont la miniaturisation de certaines populations sur des fonds boueux est soit réversible soit porteuse de devenir évolutif; 4/ le groupe des Chonétoidés asymétriques du Dévonien dont l'asymétrie des épines est associée à une progenèse liée à l'acquisition d'un mode de vie épiplanctonique. Since the beginning of the Paleozoic articulate brachiopods evolution has been punctuated by numerous morphological innovations, some leading to group diversification. Such innovations appear to have been related to transgressive periods that increase potentially favorable areas for colonization. Some morphological innovations appear to be only a consequence of opportunistic strategies matching heterochrony. Such strategies are demonstrated in fossil Brachiopoda by small-sized adults, high juvenile mortality, population taphonomy and community diversity. Growth heterochronies are paedomorphic processes (and often progenetic) resulting in ephemeral morphological innovations or in stable morphological features that are exploited by the group (species to family) over several million years. Four examples are presented, corresponding to different time scales and involving profund, lasting innovations: 1/ The Jurassic terebratulid Cererithyris (Bathonian-Callovian boundary), where C. nutiensis is differentiated from C. intermedia by intermediary opportunistic populations fixed on ephemeral substrates (corals) over normally muddy soft bottoms; 2/ The Jurassic ornithellid zeillerid group (Bathonian-Callovian) that exhibits morphologic iterations corresponding to repeated exploitations of shelly substrates resulting from condensation during trangressions; 3/ The Toarcian-Aalenian rhynchonellid genus Homeorhynchia whose "miniaturized" populations on muddy substrates appears to be either reversible or to have resulted in evolutionary changes; 4/ The Devonian asymmetric chonetoids whose spinal asymmetry is associated with progenesis linked to an epiplanktic mode of life.