Clonage : et maintenant, un chat…
2002; EDP Sciences; Volume: 18; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1051/medsci/2002184425
ISSN1958-5381
Autores Tópico(s)CRISPR and Genetic Engineering
Resumo> Le clonage d’animaux de compagnie attire relativement peu l’attention en Europe ; il est en revanche tres present dans la presse et sur Internet aux EtatsUnis. J’en ai decrit quelques aspects l’annee derniere [1] ; le premier clonage reussi d’un chat, annonce a la mifevrier 2002, va certainement donner un coup de fouet a ce domaine deja tres mediatise et sur lequel se sont positionnees plusieurs start-ups. Pourquoi donc cloner un chien ou un chat ? C’est bien sur pour se donner l’illusion de ressusciter un animal adore, grâce a la production de ce que l’on espere etre une « copie conforme » le chat recemment clone a d’ailleurs ete baptise « CC ». Comme l’affiche sur son site Web une des entreprises de ce secteur, Lazaron Biotechnologies (dont le nom est deja tout un programme...), il s’agit de « sauver la vie genetique d’animaux precieux »*. On part donc du principe que le caractere, la personnalite d’un animal domestique sont essentiellement determines par ses genes, ce qui est surement moins faux que pour l’homme. L’on considere aussi que la reproduction a l’identique de ce genome merite d’y consacrer des sommes tres elevees : estime a plusieurs centaines de milliers d’Euros pour CC, le cout de la procedure pourrait descendre a dix ou vingt mille une fois la methode bien etablie et mise en exploitation commerciale. On peut bien sur ajouter a cette motivation des arguments scientifiques : progres dans la comprehension de l’embryogenese chez ces especes, possibilite, a terme, de produire des series d’animaux genetiquement identiques utiles a la recherche medicale... Ces justifications me paraissent assez minces, et l’objectif principal est bien d’ouvrir un marche que l’on espere lucratif. A juste titre sans doute : n’oublions pas qu’en France le nombre de chiens est estime a plus de dix millions, et que le chiffre d’affaires de l’alimentation pour animaux de compagnie est de l’ordre de deux milliards d'Euros... Des la reussite du clonage de Dolly en 1997, il a donc ete question de proceder a la meme operation pour nos animaux familiers. Plusieurs entreprises ont annonce leur intention d’offrir ce service au public, en commencant par stocker l’ADN ou les cellules dans l’attente du jour ou l’operation deviendrait possible. Notons d’ailleurs que le stockage d’ADN (plus facile et moins onereux que celui de cellules vivantes congelees dans l’azote liquide) s’apparente a une escroquerie dans la mesure ou personne n’a jusqu’ici reussi un clonage a partir d’ADN (je ne suis meme pas sur que cela ait ete serieusement essaye) : il s’est toujours agi de cellules vivantes ou de noyaux preleves sur de telles cellules. En tout cas ce stockage, propose par une petite douzaine de firmes, leur a sans doute permis d’engranger quelques rentrees d’argent, tout en se faisant connaitre de leur future clientele [1]. Pour le clonage proprement dit, beaucoup d’efforts ont porte sur le chien, grâce notamment au don d’une millionnaire qui a offert plus de deux millions de dollars pour financer ces travaux dans l’equipe de Mark Westhusin a l’universite A&M (Texas, Etats-Unis). L’objectif est de cloner une chienne apparemment exceptionnelle appelee Missy, et un site Internet assez complet detaille les objectifs et l’etat d’avancement du Missyplicity project [2]. L’experimentation a effectivement commence des l’automne 1998, mais elle se heurte a de serieuses difficultes. Cela tient aux caracteres de la reproduction canine qui comporte deux cycles d’ovulation par an seulement, et une gestation relativement longue. De plus, des techniques deja mises au point depuis quelque temps pour la brebis, la vache (et d’ailleurs aussi la femme) doivent etre adaptees au cas du chien. Il faut apprendre a faire « murir » les ovules immatures recuperes a partir de sterilisations par castration, afin de pouvoir les utiliser pour le transfert de noyaux. Comme on ne sait pas bien declencher les chaleurs chez la chienne, il faut disposer d’un troupeau tres important (une centaine d’animaux) afin que, le jour ou un embryon apparemment viable est obtenu, il puisse etre immediatement implante, car l’on ne dispose pas de methodes permettant de les conserver au laboratoire... Pour le moment, apparemment, un seul debut de gestation (rapidement interrompu) a pu etre observe. Ce n’est pas tres encourageant, lorsque l’on considere les trente implantations d'embryons ovins (resultant de pres de trois cents transferts nucleaires) qui ont abouti a une seule naissance, celle de Dolly. On a moins parle, durant cette periode, du chat qui presente pourtant de serieux avantages pour les cloneurs mais il est
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