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Faut-il cesser la course à la productivité ?

2011; Volume: N° 165; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.3917/idee.165.0046

2264-2749

Guy Démarest,

Global Energy and Sustainability Research

Les débats sur les limites de la croissance prennent de l’ampleur et une place récurrente dans l’actualité, la recherche et les publications : rapport Stern sur le coût du changement climatique publié fin 2006, suivi d’une mise au point de l’auteur en 2009, cris d’alarme de nombreux scientifiques, notamment ceux du GIEC ou des géologues étudiant le peak oil (ASPO), émissions des désormais fameux Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand, Grenelle de l’environnement, rapport de Tim Jackson 1 . Mais rares sont les économistes qui vont au-delà de la simple démonstration des impasses du mode actuel de croissance et qui essaient d’ouvrir des pistes sur ce que pourrait être un autre modèle de croissance, qui s’efforcerait de faire tenir ensemble les contraintes écologiques, économiques, sociales et politiques. C’est ce à quoi s’est attelé Jean Gadrey 2 , et cela méritait bien qu’on aille y voir de plus près. Pour l’enseignant de sciences économiques et sociales, cette approche permet de mobiliser et de remettre en perspective des notions fondamentales de la première partie du programme de terminale autour des mécanismes de la croissance : les liens productivité-croissance-emploi, la comptabilisation des activités économiques, la différence entre croissance en volume et croissance en valeur, le modèle capitaliste de croissance et le productivisme, la décroissance et les orientations des politiques publiques à mener pour réorienter la croissance vers « une autre prospérité ».