Les économies morales revisitées
2009; Cambridge University Press; Volume: 64; Issue: 6 Linguagem: Francês
10.1017/s0395264900027499
ISSN1953-8146
Autores Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoRésumé Le concept d’économies morales, proposé par E.P. Thompson il y a quarante ans, a connu depuis lors un succès non démenti mais pourtant ambigu. D’abord, dans les années 1970 et 1980, repris par le politiste James Scott, il a nourri un ensemble important de travaux, surtout anthropologiques, sur les formes de résistance et de rébellion des paysanneries du tiers-monde. Ensuite, dans les années 1990 et 2000, à la suite de l’historienne Lorraine Daston, il a servi à interpréter les réseaux de valeurs et d’affects incorporés dans le travail scientifique et au-delà dans divers mondes sociaux. Après avoir fait un retour sur les analyses princeps de l’inventeur du concept pour en montrer les tensions et les paradoxes, j’examine les continuités et les ruptures dans ses multiples descendances en prêtant notamment attention aux enrichissements mais aussi aux abandons théoriques de la période récente. J’avance alors une définition plus ouverte que celle initialement donnée (en ne limitant pas le concept aux groupes dominés et en ne le restreignant pas au domaine économique) et plus critique que celle secondairement adoptée (en restituant la dimension politique des économies morales) et j’en propose quelques illustrations à partir de mes travaux empiriques autour de l’immigration et de la violence dans différents contextes historiques pour en montrer le potentiel heuristique.
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