Artigo Acesso aberto Revisado por pares

Nouadhibou "Transit City"? The Relation of a City to its Foreigners in the Context of European Border Control Policies

2008; University of Poitiers; Volume: 24; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.4000/remi.4682

ISSN

1777-5418

Autores

Jocelyne Streiff-Fénart, Philippe Poutignat,

Tópico(s)

Migration, Identity, and Health

Resumo

On se propose dans cet article de montrer comment, dans le contexte de l'exacerbation des pressions à la fermeture des frontières exercées par les institutions européennes, la qualification de la ville portuaire de Nouadhibou (Mauritanie) comme ville de transit vient mettre à l'épreuve l'image et le sens de l'urbanité propre à cette ville. Les composantes de cette image sont d'abord précisées : son caractère de ville industrielle, en contraste avec les valeurs de la citadinité maure, et de ville commerciale inscrite dans des circuits d'échange globaux mais longtemps isolée du reste du territoire mauritanien. La présence dans la ville des étrangers originaires de la sous-région était jusqu'ici intégrée à cette image, comme une sorte de confirmation supplémentaire de la valorisation de l'esprit d'entreprise. Jusqu'à une date récente, les migrations de transit des « aventuriers » en quête d'un passage vers l'Europe ont pu s'articuler aux différents types de circulation présents dans la ville sans que soit altéré ce fond de représentations partagées. Les mesures mises en place dans le cadre de la politique de surveillance des frontières sont venues néanmoins polariser ce système migratoire fluide sur son dernier segment, en ciblant la catégorie d'émigrant clandestin ou illégal dans un contexte où rien ne différenciait jusque-là ce dernier de l'immigré, nullement clandestin ou illégal. Elles tendent à créer des catégories distinctives d'immigrés (réguliers, permanents, de passage), là où précisément le système migratoire local produisait l'indistinction. Comme toute politique migratoire, la politique de contrôle des frontières de l'Europe implique pour sa mise en œuvre tout un travail de légitimation des actions entreprises, qui les rende compréhensibles et acceptables par les opinions publiques des pays concernés. L'approche monographique développée dans l'article conduit à considérer que ce travail de légitimation est corrélatif d'un procès en illégitimité des migrants eux-mêmes et de leur présence dans la ville, illégitimité que ces mots (« transit », « clandestin », etc.) viennent précisément souligner.

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