Protection discipline et honneur
1995; Presses de l'Université de Montréal; Volume: 27; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.7202/001833ar
ISSN1492-1375
Autores Tópico(s)Education, sociology, and vocational training
ResumoÀ partir d'une étude ethnographique de longue durée dans un club du South Side de Chicago, cet article pointe trois des fonctions sociales et morales que remplit une salle de boxe dans le ghetto noir américain contemporain. Le gym est avant tout un bouclier protecteur contre la violence et l'insécurité qui régnent dans le quartier, un sanctuaire qui permet de se couper de la rue et d'échapper, fût-ce pour un temps, aux mauvais sorts auxquels elle voue ceux qui se prennent dans ses rets. La salle de boxe est ensuite une école de moralité au sens de Durkheim, une machine à inculquer l'esprit de discipline, le respect d'autrui et le souci de soi indispensables à l'éclosion de la vocation pugilisti-que, mais dont les dividendes sont distribués dans les domaines les plus variés de la vie familiale et sociale. Enfin, le gym est le vecteur d'une débanalisation de la vie quotidienne : la routine et le dressage corporel y donnent accès à un univers sensoriel et émotionnel particulier où se mêlent aventure, honneur masculin et prestige. Le caractère monastique sinon pénitentiel du " programme de vie " pugilistique fait de l'individu sa propre arène de défi et l'invite à se découvrir, mieux : à se produire lui-même. Et l'acceptation dans une confrérie virile que signale l'appartenance au gym permet de s'arracher à l'anonymat de la masse et de s'attirer l'admiration et l'assentiment de la société locale.
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