Artigo Revisado por pares

Igor Markevitch Et «ICARE»

1952; UNIVERSIDADE FEDERAL FLUMINENSE; Issue: 23 Linguagem: Francês

10.1017/s0040298200050415

ISSN

1980-542X

Autores

Jean Cocteau,

Tópico(s)

Cultural Insights and Digital Impacts

Resumo

Jadis il m'eut été difficile d'écrire un article sur la musique, la poésie, la peinture sans “prendre position”, c'est-à-dire sans me mêler de cette politique profonde qui bouge comme l'autre, mais selon des règies beaucoup plus délicates et plus sauvages. Bref, j'eusse situé Markevitch par rapport aux autres musiciens et cherché le pourquoi de sa force et de sa fraîcheur. Aujourd'hui (on se lasse des détails à la longue), je regarde les choses de plus loin, pour ne pas dire de plus haut et, l'avouerai-je, les grands formats, les figures violentes, les artistes de haute taille m'émeuvent plus que certaines originalités moins éclatantes et d'un ordre complexe. Au reste, l'étrange boucle que boucle 1950 m'amène à mettre au premier plan, à situer comme un artiste de grand format et dont la personnalité s'impose avant même que notre esprit de jugement se mette en branle—un musicien difficile, dont chaque note semble écrite toute seule, entourée de vide, neuve au monde et fraîche en soi–même par la seule vertu de sa naissance. Icare n'est–il pas l'exemple type de l'oeuvre d'Igor Markevitch où cette mystérieuse méthode semble être à la base de l'oeuvre et comme le mécanisme qui la met en marche, l'actionne at la restitue au silence. Oeuvre étonnante, muette, tapageuse, vierge, capable de tendre les nėrfs de l'auditeur jusqu'au crime, jusqu'à cette gêne terrible qui nous isole dans une salle et nous annonce l'entree en scène de l'ange du nouveau. Icare se raconte mal. Je sais que le jeune Icare observe le vol des colombes, essaye sa machine et que ses ailes le précipitent dans la mer. Je sais qu'un ballet (de danses) devait évoluer sur cette musique et la traduire en gestes. Mais, moi, je m'en tiens jusqu'à nouvel ordre, à ce que mes oreilles enregistrent: la première oeuvre, depuis le Sacre , qui se pose comme un bloc de délices, qui tombe de la lune, qui apporte d'un monde inconnu des grâces troublantes.

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