Les emplois attributifs de faire
2008; Routledge; Volume: 80; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1080/00393270701679940
ISSN1651-2308
Autores Tópico(s)Syntax, Semantics, Linguistic Variation
ResumoClick to increase image sizeClick to decrease image size Notes 1. Cette étude doit beaucoup aux travaux antérieurs de Ludo Melis, ainsi qu'aux discussions, toujours aussi stimulantes, que nous avons pu avoir avec lui, et à sa lecture attentive. De nouvelles responsabilités l'ont cependant empêché de cosigner cet article. Il va de soi que nous assumons l'entière responsabilité de l'analyse proposée. Nous tenons aussi à remercier A. Welcomme pour avoir contribué à la diffusion de notre questionnaire. 2. Sur faire, voir Giry‐Schneider (1987 Giry‐Schneider, J. 1987. Les prédicats nominaux en français. Les phrases simples à verbe support, Genève/Droz: Paris. [Google Scholar]), Ponchon (1994 Ponchon, Th. 1994. Sémantique lexicale et sémantique grammaticale: le verbe faire en français médiéval, Genève: Droz. [Google Scholar]), Delplanque (2006 Delplanque, A. 2006. “Juger d'après les apparences: le cas du français”.”. In Corela. Numéro spécial: Les verbes d'apparence [publication en ligne][Crossref] , [Google Scholar]), Noailly (2006 Noailly, M. 2006. “Un possessif sans possession, ou le possessif et l'habitude”.”. In Construction, acquisition et communication, Études linguistiques de discours contemporains, Edited by: Engwall, G. 107–122. Stockholm: Acta Universitatis Stockholmiensis. [Google Scholar]) et le travail de fin d'études de Jacobs (2001). 3. Un certain nombre des exemples cités dans cet article proviennent de Google. Pour ne pas alourdir le texte, nous avons omis les sources, sauf dans les cas où un locuteur natif ne pourrait pas facilement multiplier les exemples. 4. La réalité est plus complexe que ne le croit Kupferman (1991 Kupferman, L. 1991. “Structure événementielle de l'alternance un/Ø devant les noms humains attributs”.. Langages, 102: 52–75. [Crossref] , [Google Scholar]: 55–56), qui exclut la combinaison faire transitif+adjectif. Ainsi, on peut dire Sarah, tu viens? On va te faire belle pour la fête. Le verbe rendre impliquerait une transformation plus importante et laisserait sous‐entendre que Sarah n'est pas très gâtée par la nature. Pour d'autres exemples, voir 3.2. 5. Que les rapports entre les différentes formulations de faire soient complexes ressort aussi du fait que le tour pronominal autorise – en plus des emplois ‘autonomes’ de se faire (se faire mal, se faire des idées…, se faire+inf., s'y faire), se faire face/vis‐à‐vis; il se fait que…; s'en faire) – au moins deux constructions attributives, donnant lieu à au moins deux interprétations (avec des valeurs intermédiaires). La première correspond à l'emploi causatif‐résultatif et maintient dans quelques rares cas un rapport direct avec la construction transitive non pronominale: Je vais me faire beau. L'autre construction, qui est plus opaque et grammaticalisée, exprime une valeur aspectuelle: L'eau se fait rare. Les temps se faisaient difficiles. Dans ce dernier cas, se faire ne peut plus être décomposé et fonctionne comme un simple verbe copule de type aspectuel (‘commencer à être, devenir’). Cet emploi n'est pas réservé à des sujets inanimés (Mon père se fait vieux) et s'observe aussi avec certains tours impersonnels (il se fait noir). 6. À moins que l'expression temporelle ne soit utilisée à des fins de caractérisation (sans article): ça fait très 14 juillet (Cf. ‘ça fait très fête nationale’). 7. Par rapport aux sémantismes spécifiques des verbes mesurer, peser, coûter et valoir, faire se présente comme un verbe générique (cf. Riegel et al. 1994 Riegel, M., Pellat, J.‐Chr. et Rioul, R. 1994. Grammaire méthodique du français, Paris: P.U.F. [Google Scholar]: 222): il fait 3 mètres (de long/de circonférence/…); il ne fait que quelques kilos. 8. Sur l'opposition entre l'article défini et l'article possessif (habitude), voir Noailly (2006 Noailly, M. 2006. “Un possessif sans possession, ou le possessif et l'habitude”.”. In Construction, acquisition et communication, Études linguistiques de discours contemporains, Edited by: Engwall, G. 107–122. Stockholm: Acta Universitatis Stockholmiensis. [Google Scholar]). 9. D'après la paraphrase fournie par Le Goffic (1991 Le Goffic, P. 1991. Grammaire de la phrase française, Paris: Hachette. [Google Scholar]: 206), qui met bien en évidence le statut intermédiaire du complément (action+état). 10. Dans cet emploi, les frontières entre l'animé et l'inanimé ne font pas obstacle aux imitations: Arriver à faire danser un éléphant ou à lui faire faire le poirier, c'est quand même impressionnant (Google). 11. Par±nous indiquons que Google n'affiche qu'un nombre approximatif de résultats. C'est un fait connu que Google ne permet pas des comptages précis, mais les tendances sont très nettes ici. 12. Alors que dans l'imaginaire du film, par exemple, Tom Cruise est {un père/le mec qui…} passerait sans problème. 13. Cet emploi est à rapprocher d'autres emplois ‘passe‐partout’ (et familiers) de faire, dans lesquels faire réfère à toutes sortes d'activités: Il a déjà fait {les Gorges du Verdon/les agences/les petites annonces/les poubelles; la femme de ménage a déjà fait le bureau/…}. 14. La pronominalisation par le/la/les semble exclue: Vous avez déjà fait les voleurs? *Oui, nous les avons déjà faits/Oui, nous l'avons déjà fait. Est‐ce qu'il n'aimerait jamais faire le méchant dans une pièce? Ben, il l'a déjà fait à deux reprises. Si le est possible, c'est que, en combinaison avec l'emploi vicaire de faire, il renvoie à l'ensemble du procès (le = faire les voleurs/le méchant). 15. L'article défini générique bloque ce genre de reprise, même avec des SN argumentaux: Je n'aime pas trop les intellectuels. *Ces intellectuels …. Cette contrainte exclut d'office la reprise anaphorique dans il fait l'intéressant, où le nom désigne toujours un type. 16. Michel Loirette; http://www.wmaker.net/cosecalcre/index.php?action = article&id_article = 125701. 17. En revanche, aucune restriction aspectuo‐temporelle n'est à signaler: Il a fait professeur de français pendant 10 ans et depuis 20 ans il est professeur d'arts plastiques (Google). 18. Ah j'aurais pu être Mozart mais bon j'avais pas “le don” alors j'ai fait chômeur. … (Google). 19. Si on remplace faire par être on constate que être marque un statut trop intrinsèque pour les contextes en question. Nous y reviendrons sous 5. 20. Paradoxalement, le seul exemple de cette construction que nous avons trouvé dans Frantext ne comporte pas d'adjectif, mais le nom véhicule un aspect évaluatif (‘comme une sirène’) qui supplée à l'absence d'un adjectif: Ville difficile à cerner, emmitouflée dans son nom capitonné comme dans une défense élastique. Ni tout à fait terrienne, ni tout à fait maritime: ni chair, ni poisson – juste ce qu'il faut pour faire une sirène (J.Gracq, La forme d'une ville, 1985). Il en est de même dans l'exemple suivant, où l'ironie transforme le nom président en nom évaluatif (‘un menteur’ etc.): les promesses ne sont valables que [pour] ceux qui y croient et [que] sous cet aspect Monsieur Sarkozy a tout pour faire un Président de la République (Google). 21. Le pluriel est admis par cinq des six informateurs (mais le seul informateur qui le qualifie de douteux rejette carrément le singulier), alors que le singulier n'est accepté qu'une seule fois; deux autres locuteurs le qualifient de ‘douteux’. 22. Sur le plan des restrictions aspectuo‐temporelles, qui scandent le processus de grammaticalisation, il y a très peu à signaler. Même le futur, notamment le futur périphrastique, n'est pas exclu: Je t'appellerai Charlie ça fera américain; cela va (me) faire drôle de … De même, les temps accomplis sont acceptables, même si le datif (expérienceur) rend les énoncés plus naturels: Ça a fait drôle, mais maintenant je commence à planifier la rentrée (Google). 23. Aucun des 76 exemples (Google) de “me faisait drôle” ne comporte un sujet humain. 24. Dans ce contexte, sembler et faire sont plus naturels que être. 25. C'est ce qui distingue aussi faire+nom nu de la construction parallèle avec être (être+adverbe de degré+nom nu): Mon père est très professeur ⇔ 1° Mon père n'est pas un professeur, mais il se comporte comme tel; 2° Mon père est un professeur qui aime son métier, qui se donne corps et âme, au point que cela devient un peu excessif. 26. Notons que les verbes copules n'entrent que rarement dans une telle construction, mais on en trouve des exemples, notamment avec devenir. Dans ce cas, le pronom datif n'apparaît pas, bien sûr. 27. Faire ne se prête pas à des emplois identificationnels, mais cela vaut pour la quasi‐totalité des semi‐copules. 28. Notons qu'en espagnol seulement quatre semi‐copules prennent lo (invariable) (Fernández‐Laborans 2000 Fernández‐Laborans, M. J. 2000. “La predicación: las oraciones copulativas”.”. In Gramática descriptiva de la lengua española, Edited by: Bosque, I. and Demonte, V. 2357–2460. Madrid: Real Academia Española/Espasa Calpe. [Google Scholar]: 2361). 29. Le futur analytique, par contre, ne pose pas problème: Yesss allez mon pote, ça va faire un bon film, bien sympa! (Google). 30. Sauf dans le cas d'un irréel du passé: Mais je suis assez manuel, j'aurais peut‐être fait un bon ouvrier (Google). 31. La phrase devient acceptable quand on propose une interprétation partitive du sujet (‘un des hommes’), mais ce cas de figure est prévu par Riegel et Kleiber. 32. L'emploi vicaire de faire risque parfois de jeter le trouble dans l'interprétation des tests syntaxiques, étant donné que la séquence le faire porte dans ce cas sur l'ensemble du prédicat, c'est‐à‐dire sur faire+[quasi‐]attribut, et non pas sur le seul [quasi‐]attribut. 33. Le point d'interrogation (?) signifie: “douteux”. 34. Dans l'exemple suivant, le ne renvoie pas à médecin, mais accompagne l'emploi vicaire de faire (le faire = le prédicat ‘faire médecin’): Pierre fait mécanicien. Il le fait depuis bientôt 20 ans. N'empêche que la moitié des informateurs acceptent la dislocation, ce qui montre que le peut bel et bien fonctionner comme le substitut du complément de faire: Mécanicien, il le fait depuis 20 ans.
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