Depuis 30 ans, aujourd’hui et demain : transmettre la science biomédicale en langue française
2015; EDP Sciences; Volume: 31; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.1051/medsci/20153102001
ISSN1958-5381
Autores Tópico(s)Viral Infections and Outbreaks Research
Resumo> En 2015, quelle passerelle du savoir est medecine/sciences et comment doit evoluer cette passerelle ? Telles seront les questions centrales du colloque anniversaire des 30 ans de la revue, qui se tiendra le 12 mars a l’auditorium des biotechnologies de l’Institut Pasteur a Paris. Aujourd’hui, comme il y a un ou trente ans « [...] la science ne se limitait pas a un expose des resultats. Une structuration de ces resultats autour de concepts et d’un regard critique, en bref une pensee de ces resultats, s’averait et s’avere toujours necessaire et la langue maternelle est un support essentiel de cette pensee. » [1]. • Nous poserons d’abord la question « Comment lit-on une revue scientifique aujourd’hui ? » m/s a fait evoluer sa maquette et son format pour proposer au fur et a mesure de nouveaux modes de lecture. A l’origine, lorsque l’acces aux revues etait difficile et l’acheminement postal lent, l’invention des Breves permit une lecture panoramique rapide de l’actualite. m/s fut imitee par nombre de prestigieuses revues anglo-saxonnes. Puis, le numerique et l’acces en ligne (Biblioinserm/ Bibliovie) rendirent les Breves a leur tour trop tardives. Comment, en un temps ou personne n’a plus le temps, pouvons-nous porter a la connaissance de nos lecteurs la profondeur du questionnement scientifique d’une recherche et non seulement quelques resultats recents ? Prenons comme exemple l’epidemie d’Ebola sans precedent frappant l’Afrique de l’Ouest. Au 29 decembre 2014, le nombre de morts s’elevait, selon l’Organisation mondiale de la sante (OMS), a 7 842 sur un total de 20 081 cas enregistres dans les trois pays les plus touches, la Sierra Leone, le Liberia et la Guinee ou l’epidemie a eclate il y a un an. Des le numero de juin-juillet 2014 [2], m/s rendait compte de l’epidemie, en s’appuyant sur les analyses les plus recentes d’auteurs dont nous avions publie les travaux sur Ebola des 2002 [3]. Mais Ebola n’est pas que le nom d’un virus et l’epidemie va « generer d’importantes consequences economiques, politiques et sociales », comme le souligne Antoine Flahaut dans son Editorial d’octobre 2014 [4]. Comment eclairer notre lecteur sur les multiples facettes des sujets que nous publions, alors que souvent la clarte d’un article vient de sa focalisation sur un aspect particulier du probleme ? Comment permettre la synthese a un instant donne de la connaissance ? Le « web semantique » ouvre certainement des pistes a explorer, et il faudra developper de nouvelles offres permettant au lecteur d’interagir en temps reel avec le contenu d’un article pour beneficier effectivement de la richesse des contenus de la revue. Comment redonnons-nous du temps au temps et une profondeur a l’actualite ? La premiere maniere est evidemment d’analyser pas a pas les avancees d’un domaine et ne pas s’arreter a une annonce spectaculaire. C’est ce qui nous a permis d’annoncer avec circonspection la decouverte des STAP, ces cellules reprogrammees en cellules souches par la magie d’un choc acide et, sans surprise, d’avertir nos lecteurs de la retractation de l’article [5]. Une autre maniere de « donner a penser » est d’eclairer le sens des concepts que nous utilisons et nous pouvons donner en exemple recent le beau texte d’Herve Watier sur les definitions croisees et comparees de la biotherapie et des therapies ciblees [6]. • Lors de la seconde session du colloque, nous regarderons m/s face aux nouvelles technologies du vivant : comment une revue rend-elle compte des avancees technologiques si essentielles aux decouvertes dans nos disciplines ? De plus en plus regulierement, nous publions des dossiers techniques permettant a nos lecteurs de se familiariser avec les differentes offres de technologies emergentes comme l’editing du genome, la metagenomique, la proteomique quantitative, la PCR digitale et son application a la detection d’ADN tumoral circulant (dans le dernier numero [7]), ou encore l’optogenetique dans le prochain, ou des series comme la serie chemobiologie. Et, comme toujours pour m/s, rendre compte n’est pas simplement exposer le progres dans une naivete admirative, mais eclairer aussi son revers. Par exemple, l’une des questions d’economie de la sante de 2014 aura ete le cout du sofosbuvir (Sovaldi, Gilead), un antiviral indique dans le traitement des hepatites C [8], permettant un taux de guerison de 90 % au lieu des 50 % avec les traitements precedents. Initialement fixe a 57 000 euros pour les trois mois de traitement, le prix a ete renegocie en novembre 2014 a 41 000 euros. C’est un cout qui reste enorme, puisque le traitement pourrait s’adresser a plus de 60 000 personnes actuellement rien qu’en France ou la population infectee est estimee a 200 000 personnes. Comme le dit l’adage, « la sante n’a pas de prix, mais elle a un cout », comment rendre ce cout supportable a nos systemes d’assurance sante sans porter atteinte a la solidarite ou a d’autres actions necessaires comme la prevention ? L’economie de la sante, deja presente dans nos colonnes [9, 10], le sera en consequence de plus en plus dans les prochaines annees. • C’est autour des questions de la complexite que s’articulera notre troisieme table ronde. Nous aurons ici a nous confronter a l’un des changements conceptuels les plus delicats a gerer, surtout en termes de publication scientifique, le passage du reductionnisme/ determinisme a la biologie des systemes et son correlat statistique. Depuis un peu plus d’un siecle, et avec un succes evident, determiner
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