Artigo Acesso aberto Revisado por pares

Logiques « autonomiste » et « indépendantiste » en Polynésie française

2005; L'Harmattan; Linguagem: Francês

10.4000/conflits.1709

ISSN

1777-5345

Autores

Anne‐Christine Trémon,

Tópico(s)

New Caledonia Indigenous Studies

Resumo

L'élection de l'indépendantiste Oscar Temaru à la présidence de la Polynésie française semble mettre un terme aux soubresauts qui ont agité la vie politique polynésienne au cours des derniers mois. Cette crise politique ne se réduit pas à la fin de règne d'un autocrate. Le blocage des institutions s'explique par la coupure profonde qui fracture le champ politique polynésien. Une part croissante de la population rejette le cadre institutionnel auquel ont abouti les remaniements statutaires des dernières décennies. Ceux-ci ont accentué la polarisation du champ politique polynésien entre « autonomistes » et « indépendantistes ». Ce qui les différencie en dépit d'une rhétorique nationaliste commune se cristallise dans l'affrontement entre les appellations « Polynésie » et « ma'ohi ». Cette opposition onomastique révèle le clivage sous-jacent entre les partisans d'une citoyenneté multiethnique et ceux qui militent en faveur d'un Etat-nation. Le caractère multiethnique de la population, qui résulte du maintien, pendant la période coloniale, de régimes séparant les indigènes, citoyens, et étrangers, justifie la conception autonomiste de la citoyenneté « polynésienne ». Les autonomistes s'appuient significativement sur les mesures mises en place au temps du « régime de l'indigénat », tandis que les indépendantistes réclament la souveraineté du peuple ma'ohi. Cette opposition peut être transposée à la question du clientélisme, justifié par les uns au nom de la « spécificité culturelle polynésienne », rejeté par les seconds qui tentent de retourner le stigmate : ceci nous conduira à interroger l'emploi par Bourdieu de cette notion dans son analyse des luttes identitaires.

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