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L’écho de l’Education nouvelle au sein de l’Ecole Ferrer lausannoise (1910–1921)

2006; Taylor & Francis; Volume: 42; Issue: 1-2 Linguagem: Francês

10.1080/00309230600579586

1477-674X

Charles Heimberg,

History of Education Research in Brazil

Abstract A little private school, libertarian and alternative, existed in Lausanne for about 10 years (1910–1919). It was named after Francisco Ferrer, the Catalan educationist, free‐thinker and freemason, who was executed after the ‘deadly week’ in Barcelona in 1909. One of the school’s main organizers was the libertarian physician Jean Wintsch. The enterprise was undertaken within a more general movement of libertarian schools, and was related broadly to the New Education movement. However, it was distinguished by its emphasis on its working character. Investment by militants in educational matters enabled them to keep alive their effective hopes for social changes. It also enabled them to expose how l’Etat bourgeois took over educational affairs. An educational report was published at the time to expose the progressive experience and to defend it against attacks from official circles. In these texts, one can find more talk about projects and intentions than effective implementations. The main actors’ state of mind is clear though. Among the most interesting educationist principles that were expressed in the Ferrer school report is the idea that the strength of educational renovation lies in the people and that school content must address its specific understanding. Pupils had to be able to proceed by trial and error, to exercise, and to discover for themselves how to break away. Organizers of this little school in Lausanne then sought to fire pupils’ imagination without imposing any ready‐made truths. These alternative educational practices also concerned the question of discipline. In the Ferrer school, children were not punished but were trusted. Priority was given to mutual aid methods within coeducation rather than all forms of authoritarianism. These options were discussed and required justifications that were regularly quoted in the published texts. Although the effective educational implementations of the Lausanne experience were very modest, it is striking to establish to what extent some educational options asserted at that time are still of current interest at the beginning of the twenty‐first century. Notes 1 Jean Wintsch (1880–1943), proche des milieux anarchistes à cette époque, était médecin à Lausanne. 2 Francisco Ferrer Garda (1859–1909), libre‐penseur et franc‐maçon, proche des milieux libertaires, très actif politiquement, a fondé en 1901 une École moderne à Barcelone, qui a dû fermer ses portes en 1906 au prétexte que l’un de ses anciens employés avait commis un attentat. Après la ‘Semaine sanglante’ de Barcelone, en 1909, Ferrer est arrêté sans raison sérieuse pour être fusillé après une parodie de procès. Cet assassinat a fait grand bruit en Europe. 3 Cette histoire a été décrite par Maget, Philippe. “L’École Ferrer de Lausanne. 1910–1919. Origines et réalisation. Autour du concept d’éducation ouvrière.” Mémoire de licence, université de Lausanne, 1985; Grunder, Hans‐Ulrich. Theorie und Praxis anarchister Erziehung. Grafenau‐Döffingen: Trotzdem Verlag, 1986: 100–48; Cantini, Claude. “L’École Ferrer de Lausanne (19091919).” Le Libre Penseur, septembre 1992; Heimberg, Charles. ‘L’œuvre des travailleurs eux‐mêmes?’ Valeurs et espoirs dans le mouvement ouvrier genevois au tournant du siècle (1885–1914). Genève: Slatkine, 1996: 516–27; et “L’expérience de l’École Ferrer: déboires pratiques et modernité pédagogique.” Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier 16 (2000): 27–42. 4 Il s’agit en fait d’un premier numéro hors‐série, daté de 1913, alors que la série principale débute en 1916. Il est conservé au Centre international de Recherches sur l’Anarchisme (CIRA) de Lausanne. 5 Paul Robin (1837–1912), ancien membre de la 1ère Internationale, a dirigé l’orphelinat Prévost de Cempuis de 1880 à 1894. Il a légué une partie de son matériel pédagogique à l’École Ferrer. Voir Bremand, Nathalie. Cempuis. Une expérience d’éducation libertaire à l’époque de Jules Ferry. Paris: Éditions du Monde libertaire, 1992 et Demeulenaere‐Douyère, Christine. Paul Robin (1837–1912). Un militant de la liberté et du bonheur. Paris: Publisud, 1994. 6 Lewin, Roland. Sébastien Faure et ‘La Ruche’ ou l’Éducation libertaire. La Botellerie, Vauchrétien, Maine‐et‐Loire: Éditions Yvan Davy, 1989. 7 Ferrer Guardia, Francisco. La scuola moderna e Lo sciopero generale, Lugano: La Baronata, 1980 (cette édition italienne de deux textes de Ferrer contient également un texte de Jean Wintsch retraçant l’histoire de l’Ecole Ferrer); L’affaire Ferrer. Actes du Colloque du 14 octobre 1989 sur les expériences libertaires en France en matière d’éducation au début du siècle. Castres: Centre national et Musée Jean Jaurès, 1991. 8 Bertoni, Giancarlo. “La scuola moderna di Clivio.” In Il sapere per la società civile. Le Università popolari nella storia d’Italia. Atti del Convegno di Varese, 14–16 maggio 1992, dr. Minazzi, Fabio. Varese: Edizioni Università Popolare di Varese, 1994: 389–401. 9 Voir par exemple, pour le Brésil, Jomini‐Mazoni, Regina. Écoles anarchistes au Brésil (1889–1920). Lausanne–Lyon: Éditions Noir et Atelier de Création Libertaire, 1999. 10 Amiguet, Alfred. “À l’École Ferrer.” La voix du peuple 20 juillet 1912. 11 Louis Bertoni (1872–1942), qui vivait à Genève, a été l’infatigable propagandiste de la revue anarchiste Le Réveil. 12 Bertoni, Louis. BEF, 1ère série, no. 1 (avril 1913): 8. 13 BEF, dans les numéros 1, 4, 5, 7, 9, 10, 11 et 13 publiés entre octobre 1916 et novembre 1917. 14 BEF 19/20 (mai/juin 1918): 1–2 et 1–3. Il a été reproduit dans Le cartable de Clio. Le Mont‐sur‐Lausanne: LEP, 1 (2001): 185–92. 15 BEF 28 (mars 1921): 7–8. 18 Gagnebin, Samuel. BEF 21 (mai 1919): 3. 16 BEF 1ère série, no. 1 (avril 1913): 7. 17 BEF 11 (septembre 1917): 2. 19 Marty, A. serrurier. BEF 7 (mai 191: 1–2. 21 Bugnard, Pierre‐Philippe. Rémanences de l’éducation. Introduction à l’histoire de l’éducation. CD‐ROM. Fribourg: Université de Fribourg – Sciences de l’éducation, 2001–2002. 20 Tiré de la “Déclaration de principes et but de l’École Ferrer.” Publiée notamment en 1ère page du BEF 11 (septembre 1917). 22 Wintsch, Jean. BEF 5 (février 1917): 5–7. 23 Matthey, Théodore. BEF 1ère série, no. 1 (avril 1913): 14. 24 BEF 1 (octobre 1916): 5–6. 25 BEF 11 (septembre 1917): 2. 26 Wintsch, Jean. BEF 11 (septembre 1917): 2. 27 BEF 1 (octobre 1916): 6–7. 28 BEF 15 (janvier 1918): 1–6. 29 “Des limites de la discipline et de la liberté dans l’éducation.” Rapport présenté à la Fête pédagogique du 10 décembre 1916. BEF 3 (décembre 1916): 1–6. 30 Monastier, Mlle [maîtresse de classe à l’École Vinet]. “Discipline et éducation.” BEF 4 (janvier 1917): 1–2; Gricouroff, V. “Des limites de la liberté dans l’éducation.” BEF 5 (février 1917): 1–2; “Des limites de la contrainte.” par Rochat, Théodore. BEF 6 (mars 1917): 1–2. 32 Alice Descœudres (1877–1963), militante coopérative et socialiste, a enseigné à l’Institut Jean‐Jacques Rousseau de 1912 à 1947. Ses textes sont parus dans les numéros 1 (octobre 1916): 6–7 (“Mensonges à classer par ordre de gravité”), 26 (octobre 1919): 4 et 29–30 (le dernier), 1–4. Ce dernier article est suivi d’une note qui évoque “notre collaboratrice” et appelle à adresser d’éventuelles observations sur le développement moral et social des enfants à l’Institut Rousseau. 33 Pierre Bovet (1878–1965), très engagé dans le mouvement pour l’Éducation nouvelle, a dirigé l’Institut Jean‐Jacques Rousseau de 1912 à 1944. L’un de ses articles sur la combativité de l’enfant, publié dans une revue polonaise, est repris dans le BEF 21: 7–8. 34 L’ancien directeur de l’École nouvelle de Chailly avait publié un article assez élogieux dans La Tribune de Lausanne du 29 février 1920, reproduit dans le BEF 27 (juin 1920): 7–8. Il n’hésitait pas à inscrire l’École Ferrer dans le mouvement des Écoles nouvelles. 35 Une déclaration officielle de la Société de l’École Ferrer les a qualifiées de ‘très coûteuses’. Voir BEF 11 (septembre 1917): 1 (mais la déclaration date de juillet 1910, soit de l’ouverture de l’école). 36 BEF 1 (octobre 1916): 2–3. 31 Wintsch, Jean, dans un compte rendu du texte d’Adolphe Ferrière. Les fondements psychologiques de l’école de travail, BEF 12 (octobre 1917): 7–8. 37 Touraine, Alain. Pourrons‐nous vivre ensemble? Égaux et différents. Paris: Fayard, 1997: 40: 329–31. 38 Voir par exemple Le Goff, Jean‐Pierre. La barbarie douce. Paris: La Découverte, 1999 et Laval, Christian. L’école n’est pas une entreprise. Paris: La Découverte, 2003. 39 Voir Heimberg, Charles et Pierre Varcher. Transformer l’école. Accueillir tous les élèves, faire construire des savoirs, démocratiser les études. Lausanne: Syndicat des Services publics – SSP/VPOD, 2002.