Artigo Acesso aberto

Entretien avec Élise Turcotte

2006; Erudit Consortium; Volume: 31; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.7202/013235ar

ISSN

1705-933X

Autores

Denise Brassard,

Tópico(s)

Social Sciences and Governance

Resumo

VOIX ET IMAGES Élise Turcotte, votre écriture entretient un lien étroit avec l'enfance.On y sent le désir de retrouver un rapport au langage proche de celui de l'enfant.On vous imagine, toute petite, écrivant déjà.Vous avez publié La mer à boire, une nouvelle, en 1980.Vous aviez alors vingt-trois ans ; c'est relativement jeune pour une première publication.Pouvez-vous me parler de votre venue à l'écriture ?ÉLISE TURCOTTE J'ai commencé jeune à écrire, et sans m'en rendre compte.C'est en effet comme si j'avais toujours écrit.J'écris depuis l'âge de dix ou douze ans.Je ne me souviens pas du moment où je me suis dit que j'allais devenir écrivaine.Ça c'est passé beaucoup plus tard.J'ai toujours écrit dans des cahiers.J'aime beaucoup écrire à la main.J'aime le geste, c'est très sensuel, un peu comme se maquiller le matin.Si j'avais su dessiner, c'est peut-être ce que j'aurais fait.Ma venue à l'écriture, c'est un peu ça.Et puis il y a eu la lecture : j'ai commencé à écrire parce que j'ai beaucoup lu.Je lisais énormément quand j'étais jeune.C'est dans l'univers des livres que je me reconnaissais le mieux.VOIX ET IMAGES Ce qui fait croire que vous écrivez depuis toujours, c'est aussi l'impression que votre rapport au réel tient de la lecture, que vous le décodez comme on déchiffrerait un manuscrit.ÉLISE TURCOTTE Tout à fait.Je lis malgré moi, même ici, maintenant.Quand j'ai commencé à écrire de la prose, j'étais obsédée : tout ce que je voyais devenait une phrase de roman.Ça m'a donné des ailes.Une sorte d'ouverture, et d'un seul coup.En même temps est venue la tension.J'étais tendue comme un arc.C'est de cette tension qu'est faite la prose narrative.VOIX ET IMAGES Dans Caravane, c'est très frappant ; les mots y apparaissent comme des personnages.ÉLISE TURCOTTE C'était particulièrement fort quand j'écrivais Caravane.J'avais toujours un carnet sur moi.Quand je voyageais en métro, par exemple, tout y devenait un début de nouvelle, de roman.Je suis encore comme ça.C'est peut-être une façon différente de voir le réel.En période d'écriture, il y a des moments où tout ce que je dis devient une phrase, un titre potentiels.On peut donc dire en effet que je lis le réel.Comme s'il allait devenir un roman.Mais réciproquement, les romans et la poésie me parlent beaucoup du réel.

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