Artigo Revisado por pares

<i>Le Passage obligé</i> (review)

2011; Volume: 26; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/nef.2011.0026

ISSN

2156-9428

Autores

Jean Levasseur,

Tópico(s)

Historical and Literary Analyses

Resumo

Reviewed by: Le Passage obligé Jean Levasseur Tremblay, Michel . Le Passage obligé. Montréal: Leméac, 2010.ISBN 9782760906723. 256 p. Donné l'immense succès qu'il connut avec Les Belles-Sœurs (1968) et avec ses œuvres théâtrales subséquentes, donné la reconnaissance de romancier supérieur qu'il obtint dès la parution des deux premiers tomes (La Grosse femme d'à côté est enceinte (1978) et Thérèse et Pierrette à l'École des Saintes-Anges (1980)—que le metteur en scène Serge Denoncourt vient d'ailleurs d'adapter avec brio pour le théâtre) de ses Chroniques du Plateau Mont-Royal, il est surprenant de constater combien la presse fait aujourd'hui peu de cas, tout étant relatif bien sûr, de la publication des romans de Michel Tremblay, qui se succèdent, bon an mal an, comme s'il s'agissait là d'un phénomène aussi naturel que l'arrivée du printemps, quelquefois un peu plus tôt, quelquefois un peu plus tard. Pendant ce temps toutefois, sans que l'on s'en rende vraiment compte, le romancier aguerri qu'il est devenu est en train d'ériger, morceau par morceau, une véritable comédie humaine à la Balzac, par le biais de la saga de deux familles issues de milieux plus que modestes, et qui étendent leurs tentacules sur toute l'Amérique et sur tout le vingtième siècle, période qu'il nous raconte d'ailleurs également dans ses grandes lignes, au passage du temps et de ses personnages. Le Passage oublié constitue ainsi le quatrième et semble-t-il dernier échelon du cycle de la Diaspora des Desrosiers, ainsi nommé, et qui comprend déjà les romans La Traversée du continent (2007), La Traversée de la ville (2008) et La Traversée des sentiments (2009). Trois univers s'y entrecroisent ici: celui de la curieuse famille saskatchewanaise de Méo et de son épouse Joséphine, grands-parents de quatre enfants, Rhéauna, Béa, Alice et Théo, progéniture d'une de leurs filles, Maria. On retrouve bientôt cette dernière à Montréal, déchirée d'une part par son désir de ramener ses enfants à son chevet et, d'autre part, par son manque de courage, jugée par ses voisins et ses frères et sœurs dans une province où tout écart à la morale est sévèrement puni, deux univers qui se rejoignent peu à peu, habilement imbriqués dans le monde fantastique d'un livre de (trois) contes, celui de Josaphat-le-Violon, qui sert d'échappatoire à l'aînée Rhéauna (Nana), fillette qui doit, du haut de sa jeune adolescence, élever les enfants de sa mère, alors que sa grand-mère, aux prises avec une maladie incurable, vit dans l'agonie les dernières heures de son existence. Bien qu'il n'en prenne pas officiellement le titre, le terme "chronique" s'applique on ne peut mieux à cet ouvrage, tout comme aux trois premiers de ce cycle. La dynamique ne joue en effet ici qu'un rôle mineur, alors que les actions, rares, ne servent toujours qu'à mieux explorer le cheminement intérieur des personnages et à illustrer ces gestes qui déterminent une vie, au début du vingtième [End Page 268] siècle: l'exil, intérieur et extérieur, la mort d'un être aimé qui force et accélère le passage à l'âge adulte, la déchirante solitude d'une femme qui ne s'aime pas elle-même suffisamment pour croire qu'elle peut élever une famille, l'acceptation d'un époux que l'on n'aime pas, par nécessité économique, ainsi que la fin d'un amour étrange, incestueux, entre un frère et une sœur, nécessaire pour rentrer dans les rangs de la bonne morale sociale. Car la lutte judéo-chrétienne entre la bonne et la mauvaise morale survole et domine en effet tout le roman, depuis la nature des médicaments que peut et doit prendre une Joséphine en atroce douleur jusqu...

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