Le Jardin au Bout du Monde

2010; Volume: 38; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.7202/039739ar

ISSN

1923-5151

Autores

Caroline Desbiens,

Tópico(s)

Canadian Identity and History

Resumo

À l’occasion du vingtième anniversaire de la Loi 101 en 1997, la Commission de toponymie du Québec proposa de souligner l’événement par un « poème géographique » intitulé « Le Jardin au Bout du Monde ». Cherchant à rapprocher territoire et imaginaire, le projet visait à donner à 101 îles dispersées dans le réservoir Caniapiscau des noms inspirés d’oeuvres littéraires d’auteurs québécois francophones. Les Cris s’opposèrent vivement à ce projet, rappelant à la Commission deux faits importants : d’abord que ces îles avaient été des montagnes avant la montée des eaux dans le réservoir créé par Hydro-Québec ; ensuite que ce territoire avait déjà été nommé par les différents groupes de chasse qui l’avaient parcouru. Le conflit qui entoura le poème géographique offre une grille d’analyse importante sur les enjeux culturels reliés à l’exploitation des ressources et au développement économique en donnant un aperçu des ancrages symboliques des cultures crie et québécoise du Sud en territoire nordique. Qui plus est, la signature récente de l’entente « de nation à nation » ( Paix des Braves ) nous force à définir le contenu des identités nationales qui se rencontrent dans cet espace qui est, pour les uns, Eeyou Istchee et, pour les autres, la Baie James. Cet article a donc pour but d’explorer comment les cultures s’approprient le territoire de façon symbolique et d’insister sur l’importance de cette géographie culturelle pour l’exploitation équitable des ressources.

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