« Black Waters » et « Black Atlantic »
2010; National Center for Scientific Research; Issue: 76 Linguagem: Francês
10.4000/gc.1266
ISSN2267-6759
AutoresAnthony Goreau-Ponceaud, Catherine Servan-Schreiber,
Tópico(s)Travel Writing and Literature
ResumoÀ partir d'une étude de diaspora indienne, cet article vise à interroger le « teint » des productions musicales à travers deux expériences de confrontation aux mondes européen et africain, l'un dans le contexte de l'engagisme, le chutney mauricien, l'autre dans le contexte du postcolonialisme, le bhangrâ. Tout en faisant un parallèle entre le « Black Atlantic » de Gilroy et la traversée des Eaux noires (« Black Waters » ou « Kala Pani ») par les engagés indiens du XIXe siècle, il s'agira dans un premier temps de déceler les représentations de ces musiques qui offrent l'exemple de « la trace noire », selon l'expression de Luigi Elongui. Dans un deuxième temps, nous questionnerons le rapport ambigu au monde noir en général, et à la musique venue d'Afrique, en particulier, de ces musiques à danser. Cependant, dans le cas du chutney comme dans celui du bhangrâ, ce rapport est faussé. Pour l'un, parce qu'une revanche à prendre sur le passé colonial entraîne un désir de survalorisation de l'indianité, une concurrence avec le champ musical du séga qui surgit au niveau des industries culturelles, et un ensemble de préjugés attachés aux valeurs créoles par l'élite urbaine indo-mauricienne. Pour l'autre, parce que le bhangrâ ne se réclame d'aucune filiation avec la musique noire, mais pourtant génère des reformulations souvent inédites d'emprunt au continent noir. Dans ces conditions, comment évaluer la reconnaissance implicite ou explicite de cette trace noire ? Comment est-elle compatible avec un désir d'ancrage dans une nouvelle territorialité ? Les récits de vie et les parcours des musiciens, les commentaires de presse émis à l'occasion des festivals de musique permettent de saisir les positions et les contradictions.
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