Du Danube à la Moselle… Découvertes de plaquettes retouchées néolithiques en silex bavarois à Lintgen (Luxembourg) et à Trèves-Zewen (Allemagne)
2013; French Prehistoric Society; Volume: 110; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.3406/bspf.2013.14229
ISSN2419-6568
AutoresFoni Le Brun‐Ricalens, Hartwig Löhr, François Valotteau, Jehanne Affolter,
Tópico(s)Archaeology and ancient environmental studies
ResumoDeux artefacts en silex remarquables, tant d’un point de vue lithologique que typologique, ont été découverts en prospection dans le bassin mosellan ; l’un au Luxembourg sur un plateau gréseux, l’autre en Allemagne sur une basse terrasse de la Moselle près de la ville de Trèves. Par leur morphologie singulière, les deux éléments retouchés, l’un de grandes dimensions, l’autre plus petit, sont caractéristiques des éléments de «faucille » en demi-lune de type Altheim. L’exemplaire recueilli à Lintgen au Luxembourg est un grand fragment de plaquette en silex de forme actuellement losangique après cassures fraîches et anciennes, portant une retouche bifaciale courte continue sur un bord. Les deux faces corticales présentent d’importantes traces de polissage ayant atténué par abrasion les aspérités du cortex. Le matériau dans lequel il est réalisé est un silex gris-brun à zonations beige clair en plaquette de faible épaisseur, au cortex de couleur beige clair, de texture mudstone. D’après les observations macro-et microscopiques du cortex assez régulier, de la texture, de la structure et de la couleur du silex, l’artefact examiné présente toutes les caractéristiques des silex zonés en plaquette originaires du Sud-Est de l’Allemagne au sud de la région de Regensburg, près de Kelheim. Il s’agit d’un silex en plaquette de type Arnhofen. L’exemplaire trouvé à Trèves-Zewen est une petite plaquette corticale façonnée en demi-lune à tranchant droit et dos courbe. Une face présente une plage assez large de cortex naturel, peu grenu, blanc jaunâtre à la surface et brun foncé à coeur avec, encore plus en profondeur, une très fine zone opaque à pointillé rouge. L’autre face est formée par le clivage naturel de la roche. Le pourtour complet de l’artefact porte une retouche continue envahissante sur les deux faces avec un lustré d’utilisation faible et peu étendu. Le tranchant est denticulé par retouches intentionnelles. De texture mudstone à wackestone, le matériau est un silex en plaquette de type Baiersdorf. Ces variétés siliceuses appartiennent géologiquement aux formations du Tithonien appartenant au Malm, dernier étage du Jurassique. D’un point de vue typologique, les artefacts présentés ici évoquent par leur morphologie les éléments de «faucilles » et de poignards produits au Néolithique récent et final dans la région située au sud de l’Allemagne près du cours du Danube aux environs de Regensburg. Ces outils façonnés sur plaquette corticale ont été produits en Bavière essentiellement à partir de la fin de la culture de Münchshöfen avec le développement du groupe / culture d’Altheim (Altheimer Gruppe/ Kultur) entre 3800 et 3400 ans av. J.-C. et ont circulé sur plusieurs centaines de kilomètres tant vers l’est, en descendant le Danube jusqu’en Autriche, que vers l’ouest, le sud et le nord. D’autres comparaisons montrent que de tels manuports peuvent se rencontrer, réemployés ou façonnés souvent dans des gabarits plus petits, jusqu’à la fin du IIIe millénaire dans la culture des Gobelets campaniformes, voire jusqu’à l’âge du Bronze ancien. La large répartition de ces éléments bavarois atteste l’existence de réseaux de diffusion organisés. La reconnaissance de ces deux artefacts dans le couloir mosellan, tant en Rhénanie-Palatinat qu’au Luxembourg, vient combler le «vide » observable sur la carte de répartition des bayerischen Plattenhornsteinen. Les affleurements bavarois de silex en plaquette sont distants de Trèves et du Luxembourg d’environ 400 km à vol d’oiseau. Il est troublant de rapprocher cette distance de celle des importations sub-contemporaines provenant de la région du Grand-Pressigny en direction opposée. Si l’on compare et rapproche symétriquement ces deux origines, on constate un «effet miroir » entre Europe centrale et occidentale. Par ailleurs, ces productions peuvent être mises en relation avec l’essor du «phénomène minier » dans les régions aux ressources siliceuses de qualité.
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