Artigo Revisado por pares

Crochet de fer et puits à tempête. La légende de Ponce Pilate à Vienne (Isère) et au mont Pilât au XIIIe siècle

1990; Volume: 18; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3406/mar.1990.1436

ISSN

2419-8676

Autores

Jacques Berlioz,

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Le dominicain lyonnais Etienne de Bourbon (mort vers 1261) propose, dans un exemplum inédit, deux versions de la mort de Pilate. La première, issue du recueil de vies de saints de Jean de Mailly (vers 1230), et héritière de sources savantes et cléricales, fait de Pilate un exilé qui se suicide de douleur à Lyon. La seconde, d'origine locale, a été sans doute transmise oralement à Etienne de Bourbon : Pilate a été pendu à un crochet de fer (visible encore selon l'auteur au XIIIe s.) dans l'église de Notre-Dame de la Vie, ancien temple d'Auguste et de Livie, à Vienne ; son cadavre a été jeté dans un puits dans le massif du Pilât, qui depuis déchaîne des tempêtes. Le dominicain est le seul à citer le premier trait légendaire, qui échappe à la tradition occidentale. Quant à l'autre trait, il est le premier à l'évoquer : il renforce ainsi la présence légendaire de Pilate sur le mont Pilât — jusque-là attestée pour le XIIIe s. par le seul témoignage d'un voyageur — , face aux nombreux récits «suisses », qui plaçaient le cadavre du procurateur près de Lausanne ou de Lucerne. Si la légende du puits est restée jusqu'à nos jours vivace autour du mont Pilât, celle du crochet ne trouve pas d'écho après Etienne de Bourbon, du fait sans doute d'une transformation positive de l'image du procurateur, attestée au XVIIe s. à Vienne.

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