Artigo Revisado por pares

La Source des femmes dir. by Radu Mihaileanu

2013; Volume: 28; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/nef.2013.0049

ISSN

2156-9428

Autores

Souleyma Haddaoui,

Tópico(s)

Post-Communist Economic and Political Transition

Resumo

Reviewed by: La Source des femmes dir. by Radu Mihaileanu Souleyma Haddaoui Mihaileanu, Radu , dir. La Source des femmes. France. Elzévir Films, 2011. Film. 136min. Langue: Arabe. Sous-titrage: français. Lasourcedesfemmes.com. Ouverture sur un village en pleine montagne, dans un pays qui pourrait être aussi bien au Maghreb qu'au Moyen-orient. Tandis qu'une femme donne naissance à un petit garçon, une autre perd son bébé en descendant une pente rocailleuse. Entre ces deux destins, la future source des problèmes et tensions du village: l'eau. Leila, jeune mariée, intelligente et rebelle, provoque et soulève une question: pourquoi les hommes n'iraient-ils pas chercher l'eau à la source? Les femmes éviteraient ainsi d'accumuler les fausses couches dues aux mauvaises chutes. Elle décide d'une stratégie qui les forcerait à le faire: la grève de l'amour . . . Inspiré par un fait divers survenu dans un village de Turquie, le réalisateur Radu Mihaileanu, connu pour son art engagé, a immédiatement voulu en faire un film. "Ce combat des femmes, cette lumière, me réjouissaient, pour prendre à contre-pied tous les clichés dont le monde moderne s'est emparé par rapport aux Arabes et par rapport à la religion musulmane,"1 dira-t-il lors de la présentation du film au festival de Cannes en 2011. Et quel meilleur contexte que celui des révoltes arabes pour avoir cette brise printanière et strictement féminine? Un combat mené par les femmes pour améliorer leurs conditions de vie mais également participer au développement du village. Leila, incarnée par Leila Bekhti, tient le rôle principal dans la rébellion. Elle vient du sud, incarnant ainsi l'étrangère qui amène avec elle le vent de la révolte. Aidée et soutenue par la doyenne du village, "Vieux fusil" (Biyouna) elle va convaincre les villageoises de se joindre à elle dans cette lourde tâche de renversement des traditions. Le film ne se veut toutefois pas manichéen avec un combat des femmes contre les hommes mais plutôt une prise de conscience, de part et d'autre, qu'il est plus sain d'évoluer avec son temps, de communiquer et de se laisser porter par le courant d'un effort d'adaptation, bénéfique à tous et à toutes. Les femmes véhiculent leurs griefs par le biais de chansons et en cela Mihaileanu a savamment introduit cet art de contestation millénaire dans certains villages berbères marocains. Car ce film, s'il prend l'allure d'un conte intemporel à la situation géographique imprécise, est culturellement et linguistiquement rattaché au Maroc. Dans la tradition berbère marocaine, c'est par le biais de chansons que les conflits sont parfois abordés et résolus: la tradition veut effectivement qu'il n'y ait pas de confrontation directe. La révolution doit se faire, comme il est dit dans le film, "avec respect et amour." Le réalisateur a vécu dans un village au Maroc pendant une assez longue période pour s'imprégner de l'atmosphère qui devait régner dans son histoire. C'est un travail réussi car le véritable héros de l'histoire reste finalement le village [End Page 280] avec un rendu des détails d'architecture et de l'art de vivre tout à fait convaincant. Mihaileanu a ensuite insisté pour que les acteurs, souvent d'origine algérienne, parlent le dialecte marocain. Le réalisateur explicitera ainsi son choix: "je ne voulais pas que ce soit tourné en français ou que ce soit interprété, fait par un point de vue ou une subjectivité occidentale dans la langue du colonisateur."2 Les acteurs se sont donc immergés dans le cadre de leur futur tournage en cohabitant avec des villageois marocains, apprenant leur langue et certains chants tant en arabe qu'en berbère. Le résultat final est naturel, sans anicroche, avec une exploitation riche et pertinente des proverbes marocains, rendant ainsi hommage également à la culture de ce pays. Sous ses airs légers et avec, en somme toute...

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