PROTECTION PERMANENTE CONTRE DES ANIMAUX NUISIBLES ASSURÉE PAR APOLLONIUS DE TYANE DANS BYZANCE ET ANTIOCHE. EVOLUTION DE SON MYTHE
1970; De Gruyter; Volume: 63; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.1515/byzs.1970.63.2.247
ISSN1868-9027
Autores Tópico(s)Archaeology and Historical Studies
ResumoPhilostrate a promené Apollonius dans bien des sites du monde antique, de rindus aux colonnes d'Hercule et de l'Éthiopie à la Thessalie.S'il lui a fait visiter des villes de la rive gauche de l'Hellespont (èv TW àpiCTTepw 'EXX7)crrt6vTû) Tcokziç) endettées par des tremblements de terre (VI.41), c'est là le plus près qu'il l'ait fait approcher de Byzance,^ dans laquelle, on peut le vérifier, il n'a pas jugé bon de lui faire accomplir des exploits.C'est que, quand son héros mourut (sous Nerva, disait-on), et sous les Sévères encore, quand il romançait sa vie, Byzance ne se signalait pas encore à l'attention par une célébrité exceptionnelle.Qui prévoyait alors en elle la future capitale de l'Orient au long éclat durable?Et si, par hasard, Apollonius avait tout de même, à l'insu de Philostrate, visité Byzance, on voit mal ce qui aurait pu subsister là de quelques menues de ses fondations après les profondes destructions opérées par Gallien vers l'an 263.^Or nous allons voir que la Ville impériale chrétienne s'imagina conserver intacts, exposés au public, de précieux talismans indéfiniment bénéfiques, établis par ce thaumaturge qu'on avait pourtant opposé comme un rival à Jésus, ce qui peut paraître assez déroutant.Nous allons suivre ces naïves traditions à travers l'histoire de Byzance.Comment put y persister, ou revivre, et surtout comment put si longtemps se survivre une paradoxale popularité d'Apollonius, c'est ce qui fera l'objet de notre étude.Pour en arriver à ne plus considérer qu'avec bienveillance le souvenir d'Apollonius, il fallut oublier le temps où d'irritantes comparaisons établies entre Jésus et lui préoccupaient les chrétiens.On en sera convaincu à l'examen d'une oeuvre anonyme longtemps attribuée à un Pseudo-^ Nous n'avons rencontré, dans le traité de Philostrate, qu'une seule fois le nom de Byzance, mais incidemment nommée -et non donnée comme visitée par le hérosà propos d'un certain orateur «Python le byzantin» (VII.37).^ «Pour que rien ne manquât aux jours de Gallien, la cité des Byzantins, célèbre par ses guerres navales, ce verrou du Pont, fut à ce point totalement dévastée par ce même Gallien que, s'il n'y avait eu alors quelque absent pour voyage ou service militaire, personne n'aurait pu représenter encore l'antiquité et la noblesse de sa race.»(Trebellius PoUion.Gai.Pater, 6.) W. L. DULIÈRE / BRUXELLES ij Byzant.Zeitschrift (64) 1970 Justin (P.G. t. 6), et qui est du plus haut intérêt.*Par questions et réponses, toutes deux clairement rédigées, elle traite de nombreuses apories pouvant tracasser les esprits, et notamment des problèmes posés par Apollonius.On a beaucoup varié dans la datation et la désignation de son auteur.En 1901 Harnack (TU, XXI B, N. F. VI) opina* qu'il fallait voir là un écrit de Diodore de Tarse, du IV^ siècle donc.Après considération de sa traduction du passage relatif à Apollonius, nous proposons, sur le grec, la version suivante, un peu servile: Question 24.«Si Dieu est le démiurge et le maître de la création, comment les talismans d'Apollonius peuvent-ils avoir un effet sur des portions de la création?Car, comme nous l'avons vu, ils arrêtent les débordements de la mer, les ouragans, les invasions de rats et de bêtes sauvages.Alors que les prodiges de Jésus, eux, ne survivent que dans des récits qui en font mention, ceux qu'opéra celui-là restent encore visibles dans les choses.Comment cela n'égare-t-il pas ceux qui les voient?Et si cela se produit par opération divine, comment son agréation par elle n'est-elle pas une indication d'aller à l'hellénisme?Et si ce n'est pas le cas, cela ne paraît-il pas un effet de la puissance des démons?Et, de plus, au cas où Dieu se complairait à ce qui arrive là de bon, pourquoi n'est-ce pas mis en oeuvre par les prophètes ou les apôtres?Et au cas où cela lui déplairait comme étant de qualité mauvaise, pourquoi ne l'arrète-t-il pas immédiatement?Pourquoi ne l'abolit-il pas tout de suite, mais lui permet-il d'opérer jusqu'aux jours de notre siècle?»Réponse.«C'est qu'Apollonius, lui, en tant qu'habile dans les forces de la nature, et au fait de leurs sympathies et de leurs antipathies, a, par ce savoir, accompli ces talismans, mais nullement par la puissance divine.Aussi, dans tous ses talismans, eut-il besoin d'une adjonction de matériaux appropriés, et ils furent achevés par leur appoint.Mais le Christ, lui, notre sauveur, accomplissait ses prodiges par sa force divine, n'ayant nul besoin de matériaux.Les choses accompagnaient et accompagnent ses ordres et ses injonctions. Les talismans issus d'Apollonius, par ce qu'ils sont produits par des forces naturelles et pour agir sur le corps de l'homme, le Seigneur ne les a pas renversés.* Son exposé est autrement alerte et prenant que la pesante réplique d'Origène à Celse, tenu de suivre de trop près les détours de son auteur.Les réponses semblent écrites pour des lecteurs pressés et ayant besoin de traits clairs et nets.On soupçonnerait facilement là une parade, sinon à des textes précis de Celse, de Porphyre ou d'Hiéroclès, du moins à des objections déjà répandues, et peut-être par eux.On constate aussi combien rapidement avaient du être inventoriées maintes apories qu'on s'imagina souvent redécouvrir plus tard.On connaît un résumé d'après des oeuvres d'Eusèbe d'un semblable inventaire d'objections (P.G. t. 22, col.879-936) et une autre collection d'apories encore, dite d'Hésychius de Jérusalem (P.G. t. 95, col.1391Jérusalem (P.G. t. 95, col.-1448)), moins habilement travaillée.Ce fut un thème qui, par la force des choses, fut parfois repris.Jérôme ne cache pas qu'on était parfois là contraint de faire son possible dans les répliques,et qu'on ne pouvait en être trop blâmé: «Origène, Méthode, Eusèbe, Apollinaire écrivent contre Celse en de nombreux milliers de lignes.Considérez par quels arguments, et combien fuyants (lubricis) ils mettent à rien les problèmes suscités par l'esprit du diable.Parce que, de temps en temps, ils sont contraints de parler non d'après ce qu'ils sentent, mais d'après ce qu'il est nécessaire de dire, va-t-on les appeler des païens?» (lettre XLIX ad Pammachium) * La Croze avait déjà aussi proposé Diodore de Tarse, et croyait le document écrit peu après la mort de Julien.On a reculé aussi l'oeuvre jusqu'au siècle, après Isidore de Péluse.On s'est prononcé aussi pour et contre Théodoret.Harnack situe l'écrit entre 370 et 377.' «Cum eum dicas et adoratum esse a quibusdam sicut deum, et simulacrum eius,sub Herculis Alexicaci nomine constitutum, ab Ephesiis etiam nunc honorari.»(Inst.div.V. 3) ' Lactance nous dit qu'Hiéroclès avait le ton très agressif (materiam mordacius scripsit, V. 2) et il rapporte (en V. 3) ce trait excessif: Hiéroclès affirmait que Jésus, en fuite devant les Juifs, avait opéré des brigandages à la tête d'une troupe de 900 hommes.
Referência(s)