When Ballet Became French, Modern Ballet and the Cultural Politics of France, 1909-1939 by Ilyana Karthas
2016; University of Toronto Press; Volume: 49; Issue: 98 Linguagem: Francês
10.1353/his.2016.0015
ISSN1918-6576
Autores Tópico(s)French Historical and Cultural Studies
ResumoReviewed by: When Ballet Became French, Modern Ballet and the Cultural Politics of France, 1909-1939 by Ilyana Karthas Stéphanie Gonçalves Karthas, Ilyana– When Ballet Became French, Modern Ballet and the Cultural Politics of France, 1909-1939. Montréal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2015, 390 p. L’ouvrage d’Ilyana Karthas, professeure à l’Université du Missouri et spécialiste de l’histoire culturelle des XIXe et XXe siècles en France, est issu de sa thèse de doctorat. L’auteure y dévoile l’histoire de la construction du ballet français comme une force artistique nationale du début du XXe siècle à la fin des années 1930. Ce livre – au titre surprenant à la première lecture, When Ballet Became French – vient contester une idée reçue, celle que le ballet aurait toujours fait partie de « l’identité française ». Il montre qu’il s’agit d’une construction historique – intellectuelle, politique et artistique – qui a permis de (re)légitimer un art et une profession qui avait perdu de sa grandeur au cours du XXe siècle. Trois grands axes sont abordés pour raconter l’aventure de ce changement profond dans l’entre-deux-guerres : le rôle du critique de danse, la question de la nation et de l’identité française à travers le ballet ainsi que la dimension genrée des danseurs. Dans un premier temps, Ilyana Karthas explique comment la réception des Ballets russes à Paris a profondément influencé le ballet français, comme par une sorte de « choc électrique ». Le propos n’est pas fondamentalement nouveau car le paysage culturel parisien de l’époque, les Ballets russes et les conséquences artistiques et sociales de l’arrivée de la compagnie ont déjà été bien décrits par la littérature, notamment par Roland Huesca (Triomphes et scandales. La belle époque des ballets russes, Hermann, 2001), Sophie Jacotot (Danser à Paris dans l’entre-deux-guerres. Lieux, pratiques et imaginaires des danses de société des Amériques [1919-1939], Nouveau Monde éditions, 2013) ou Mathias Auclair et Aurélien Poidevin (« Les Ballets russes et l’Opéra de Paris 1909-1929 », dans Mathias Auclair et Pierre Vidal [dir.], Les Ballets russes, Gourcuff-Gradenigo, 2009). La nouveauté réside plutôt dans la pléthore de sources utilisées, issues de quotidiens et d’hebdomadaires français, qui témoignent d’un goût certain de l’archive et de l’enquête historique. Ilyana Karthas a lu et dépouillé beaucoup ; on regrette cependant le peu de sources secondaires en français – il est parfois difficile d’y avoir accès (le travail de thèse de doctorat récent de Ninon Prouteau [Paris 8] sur les critiques de danse en France n’est pas signalé). Dans la lignée de l’ouvrage collectif de Roger Parker et Mary Ann Smart, Reading Critics Reading, Opera and Ballet Criticism in France from the Revolution to 1848 (Oxford University Press, 2004), l’auteure construit le début de son argumentation autour de la figure du critique de danse. Le critique a réussi à faire changer le regard sur le ballet, en le faisant passer d’un divertissement bourgeois, érotisé et en déclin, à un art à la mode, élégant et français. Elle met en avant en particulier le travail d’immigrés russes blancs, Serge Diaghilev, Michel Fokine, André Levinson ou Serge Lifar, dont les impulsions au sein de l’Opéra de Paris ont contribué à redonner une place importante au ballet dans le répertoire. Les portraits de ces personnalités sont particulièrement bien brossés pour qui n’est pas familier du monde de la danse. Les différentes thématiques déployées autour du ballet – la musique, les décors, le mime, la poésie – donnent un tableau complet des Ballets russes et de leur réception, utiles pour les non-experts de l’histoire [End Page 212] de la danse, moins pour les spécialistes. On regrette le peu d’illustrations, une quinzaine, réparties dans un livre de près de 400 pages...
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