Un travail demandé aux étudiants fait ressortir de nouveau le fossé entre la recherche et la pratique
2009; SAGE Publishing; Volume: 76; Issue: 5 Linguagem: Francês
10.1177/000841740907600502
ISSN1911-9828
Autores Tópico(s)Musculoskeletal pain and rehabilitation
ResumoAchaque automne, j’enseigne le cours de base sur les methodes de recherche aux etudiants en ergotherapie de l’University of Illinois, a Chicago. Dans ce cours, l’accent est mis sur la comprehension des plans experimentaux, en vue de favoriser l’evaluation critique et la pratique factuelle. Le travail le plus important exige dans le cadre de ce cours fait appel a la production d’une revue systematique fondee sur les preuves, sur un sujet qui a ete propose par un ergotherapeute de la region. En effet, pendant l’ete, je communique avec les ergotherapeutes de la region et je les invite a proposer un probleme ou plus sur la pratique clinique, en vue de ce travail. Pour effectuer ce travail, les etudiants travaillent en tandems; ils choisissent l’un des problemes soumis, rencontrent l’ergotherapeute pour en savoir davantage sur le contexte du probleme et sur les besoins de l’ergotherapeute. Puis, ils formulent une question clinique, planifient et dirigent leur recherche, examinent la litterature et enfin, ils produisent un rapport final. A la fin de la session, le departement organise une presentation officielle par affiches, pendant laquelle les etudiants presentent les resultats de leur travail. Cet evenement est ouvert a toute la communaute universitaire, au milieu clinique et a la population. Jusqu’a present, les commentaires des etudiants et des ergotherapeutes face a ce travail ont toujours ete tres positifs; voila pourquoi, depuis dix ans, je demande toujours aux etudiants de faire ce travail. Toutefois, cette annee, deux observations m’ont fait reflechir, alors que j’examinais les problemes de pratique clinique proposes par les ergotherapeutes locaux : (1) la plupart des sujets qu’on m’a soumis pendant une ou plusieurs des dernieres annees, suggeraient que les ergotherapeutes n’avaient pas encore reussi a trouver les preuves qu’ils cherchaient, et (2) la plupart des sujets abordent certains aspects de la pratique qui exigent beaucoup de temps de la part d’un ergotherapeute, soit en raison de l’intensite ou de la frequence des interventions. Parmi les exemples de sujets presentes a plusieurs reprises, citons notamment les interventions visant a traiter une subluxation de l’epaule a la suite d’un AVC et l’usage d’ortheses pour favoriser la fonction de la main chez les personnes ayant une lesion de la moelle epiniere. Les exemples de sujets qui temoignent de la grande intensite ou frequence des traitements sont les interventions associees a l’ecriture en milieu scolaire et a l’entrainement aux activites de la vie quotidienne dans les unites de soins aigus et les centres de readaptation. Ces observations m’ont rendue perplexe et depuis, je reflechis aux explications possibles. Premierement, c’est peut-etre parce que les chercheurs ne posent pas les questions que les ergotherapeutes se posent en milieu clinique ou pour lesquelles ces derniers cherchent des reponses. Par ailleurs, les chercheurs posent peut-etre les « bonnes » questions, mais la dissemination des resultats de recherche n’atteint peut-etre pas les ergotherapeutes de maniere significative. Cette possibilite peut s’averer juste si les chercheurs ne vont pas de l’avant en diffusant leurs travaux ou si le manque de temps ou de competences pour la pratique factuelle ne permet pas aux ergotherapeutes de prendre connaissance des resultats disponibles. Ces deux possibilites peuvent se verifier dans la litterature. Par exemple, les barrieres a la pratique factuelle et a l’application des connaissances dans le domaine sont bien decrites dans la litterature (McCluskey, 2003; Dubouloz, Egan, Vallerand et Von Zweck, 1999; Philibert, Snyder, Judd et Windsor, 2009; Rappolt et Tassone, 2002). En outre, une revue systematique Cochrane effectuee recemment se penchait sur la mesure selon laquelle les resumes presentes lors des congres professionnels en biomedecine etaient subsequemment publies dans des revues examinees par des pairs (Scherer, Langenberg et von Elm, 2007). Les auteurs ont decouvert que moins de la moitie de toutes les etudes et qu’environ 60 % seulement des essais aleatoires etaient eventuellement publies. Ce resultat signifie qu’une bonne partie des recherches biomedicales ne sont jamais disseminees de maniere a ce que les praticiens puissent y avoir facilement acces. La revue systematique Cochrane a aussi permis de determiner que les etudes ayant donne des resultats negatifs etaient moins susceptibles d’etre publiees a la suite d’un congres professionnel, ce qui pouvait entrainer un biais de publication et une surestimation des effets du traitement dans la litterature (Scherer et al., 2007). Bien que la presentation de travaux dans le cadre d’un congres professionnel soit un mode de dissemination legitime, il est inadequat s’il represente la seule methode de dissemination utilisee. Les etudiants de mon cours se
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