Artigo Revisado por pares

Montage ubuesque d’Une Saison au Congo à Bruxelles en 1967

2016; Volume: 31; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/nef.2016.0019

ISSN

2156-9428

Autores

Rudi Barnet, Kathleen Gyssels,

Tópico(s)

Literature, Musicology, and Cultural Analysis

Resumo

Montage ubuesque d’Une Saison au Congo à Bruxelles en 1967 Rudi Barnet and Kathleen Gyssels (bio) En 2014, lors du centenaire d’Aimé Césaire, sa fameuse pièce Une Saison au Congo avait été jouée à Londres et en banlieue parisienne, mais toujours pas en Belgique, pays ex-colonisateur du Congo. Malgré diverses tentatives pour programmer la pièce, les raisons de son empêchement semblent multiples et les obstacles, de nature diverse, assez insurmontables. Dans le cadre du colloque interdisciplinaire qui eut lieu à l’Université d’Anvers,1 sous les auspices du “Groupe de recherche en littératures postcoloniales,” j’ai parlé avec le dramaturge qui le premier tenta de mettre en scène, dans la capitale belge, la pièce de Césaire. Rudi Barnet m’envoya ensuite ce texte qui constitue son touchant témoignage sur ses déboires avec le pouvoir lors du montage d’Une Saison au Congo. Rudi Barnet (Rudolf Walgraeve) est un Flamand né à Gand, qui a émigré en Wallonie en 1945 avec son père, ouvrier mineur. Après avoir rempli divers petits métiers, il entama un parcours de comédien et de metteur en scène dans les principaux théâtres francophones de Belgique (Théâtre national, Centre dramatique de Wallonie, Théâtre de Poche …) et à la télévision (rtbf). En 1967, il monta à Bruxelles la première mondiale d’Une Saison au Congo d’Aimé Césaire. En 1969, il quitta le milieu théâtral pour se consacrer à l’animation culturelle. Il est le fondateur du Centre culturel de Saint-Gilles, du “Vidéobus” de Bruxelles, de “Wallonie-Bruxelles Images” et de “EuroAim” (organismes de promotion des cinéastes européens dans les marchés de la télévision belge et dans les festivals). Barnet a aussi été le directeur du Festival international de cinéma de San Sebastian (en 1991 et 1992). De 1993 à 2005, il a exercé la fonction d’expert pour l’audiovisuel du ministère de la Communauté Wallonie-Bruxelles (Réalisation de marchés de coproduction cinématographique à Valladolid et Budapest, conception du fonds d’investissement “Wallimage”). [End Page 93] Témoignage du metteur en scène en Belgique francophone, Rudi Barnet C’est vers la fin de la saison théâtrale 1965 que l’aventure a commencé. Les comédiens du “Centre dramatique de Wallonie,” basé à Namur, venaient d’apprendre que la compagnie était en faillite. Il me fallait donc chercher du travail dans les quelques théâtres officiels qui occupaient alors le terrain et c’est lors d’un déplacement à Bruxelles pour trouver un nouvel engagement, que j’ai découvert la pièce qui venait d’être éditée. De Césaire, je ne connaissais que La Tragédie du roi Christophe et j’ai tout de suite été interpellé par Une Saison au Congo qui racontait, dans un langage poétique mais avec, apparemment, des précisions historiques incontournables, la vie et la mort de Lumumba, comme aucun media belge n’en avait parlé. C’était l’époque où le nom de Patrice Lumumba, assassiné en 1961, était synonyme de fou sanguinaire et où dans l’hebdomadaire Pourquoi pas? Serge Creuze excitait la population avec ses caricatures qui montraient un monstre martyrisant les braves colons belges et violant les bonnes sœurs. Dans la presse, on pouvait lire qu’il était heureux que des justiciers inconnus — on savait peu de choses sur les circonstances de sa fin — l’aient éliminé. Que la mémoire est oublieuse! Creuze est considéré aujourd’hui comme un peintre humaniste et progressiste et une école de la ville porte même son nom. C’était aussi l’époque du mouvement théâtral “témoin de son temps” dont Roger Planchon, avec sa Comédie de Saint-Etienne, et Armand Gatti2 étaient parmi les plus belles figures. La plupart des théâtres belges mettaient à l’affiche des pièces liées à l’actualité ou à l’histoire récente. Le “Living Theater” était aussi, invité par Jo Dekmine, venu apporter un vent frais de réflexion politique et de libération des dogmes scéniques. Dans ma candeur, je pensais que...

Referência(s)