Quand l’inceste va sans dire
2016; Presses de l'Université de Paris-Sorbonne; Volume: N° 42; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.3917/sr.042.0111
ISSN2104-404X
Autores Tópico(s)Migration, Identity, and Health
ResumoEn 2007, une indignation médiatique s’abat sur un petit village d’Île-de-France. Les journalistes reprochent à ses habitants d’avoir, 28 années durant, laissé perpétré un inceste duquel sont nés six enfants, sans jamais signaler les faits à l’institution judiciaire ou aux services sociaux. À partir d’une enquête ethnographique d’une année dans le village où vivait la famille et dans la cité populaire où le père travaillait, l’auteur montre que s’il n’y eut pas de signalement, c’est en fait parce que rien n’y conduisit. Jamais les habitants ne s’étaient représenté le caractère criminel des faits, que disaient et révélaient maintenant les journalistes. Plus, même. Jamais ils n’avaient pensé (à) cet inceste. Cet inceste et les violences du père sur sa fille, d’abord mineure puis majeure, se sont en fait inscrits dans la vie courante du village et de la cité. Tous, membres de la famille incestueuse, voisins et habitants plus lointains, furent pris dans une configuration sociale qui avait intégré cet inceste. En devenant un élément ordinaire de la vie locale, cet inceste perdit sa caractérisation criminelle.
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