« La nature admirable des pierres sous diverses couleurs et qualitez » : de l'emploi du marbre dans l'architecture de Philibert De l'Orme
2016; Brepols; Linguagem: Francês
10.1484/m.er-eb.4.00352
ISSN2565-9529
Autores Tópico(s)Historical and Literary Studies
ResumoS'interesser a l'emploi du marbre dans l'architecture de Philibert De l'Orme peut paraitre surprenant, et etonnera peut-etre les parfaits connoisseurs de l'architecte ; tant il est vrai qu'il ne s'agit pas, a priori, d'une des caracteristiques de l'oeuvre de celui dont nous avons celebre, en 2014, le cinq-centieme anniversaire. Pourtant, quelques lignes de De L'Orme, notamment dans le chapitre XIV de son Premier tome de l'architecture qui laissent supposer que le sujet merite des developpements et peut apporter quelque nouveaute, ne sont pas trompeuses et il y a bien une pensee du marbre chez notre architecte. Si bien des recherches doivent encore etre entreprises et si cet essai n'est qu'une premiere esquisse d'un travail qui meriterait d'etre poursuivi, nous pouvons d'ores et deja distinguer, dans le corpus de De l'Orme, deux domaines particulierement interessants pour notre propos : les considerations de « politique » marbriere qui traversent l'oeuvre theorique et les preconisations quant a l'emploi du marbre qui, annoncees dans ses ecrits, se verifient dans certaines realisations. « Lesquels il ne faut d'ici en avant chercher ou envoyer querir hors du Royaume » Philibert De l'Orme avait toutes les raisons de s'interesser au marbre polychrome : une formation intellectuelle poussee et des connaissances en theologie 1 , une formation culturelle approfondie qui l'avait notamment conduit en Italie ou il avait pu admirer un sens tres aigu de l'utilisation du marbre dans l'architecture et le decor. Sa conception meme de l'architecture qui, comme l'affirme Philippe Potie, est « elaboree dans une constante recherche d'equilibre entre construire et embellir, entre savoir de maitre macon et la decouverte de l'architecture antique » 2 , manifestait aussi un interet marque pour le marbre. L'etude du Premier tome peut cependant decevoir. Certes un chapitre entier, le chapitre XIV, est consacre a la question des pierres, mais dans ses considerations sur En quel temps il faut faire provision de pierres & les tirer des carrieres semblablement comment il les faut choisir et mettre en oeuvre & aussi pour connaitre leur bonte, Philibert De l'Orme n'a pas la precision d'autres theoriciens. Il preconise, pour se premunir du gel hivernal, que l'extraction des pierres ait lieu en ete, qu'elle respecte le « lit » de la roche et que les carriers veillent a « oter tout le bousin qui ne vaut rien » 3. Mais en realite, de la « nature admirable des pierres sous diverses couleurs et qualites », il ne dit presque rien. Considerant que « veritablement qui se voudrait amuser a decrire toutes les susdites sortes de pierres, n'entreprendrait un petit labeur », et que « nos auteurs d'architecture en parlent assez au long », il se contente de lister quelques caracteristiques generales des pierres : humides, seches, spongieuses, caverneuses, frangibles ou fragiles, aigres ; qui s'eclatent, qui se delitent, qui sont pleines, pesantes, legeres, trouees, molles ou dures, d'autre de la nature du feu [...], d'autres qui sont propres pour porter fardeau en tous sens [...], d'autres qui ne veulent etre mises en oeuvre que sur leur lit, ainsi que la nature les a faites et non autrement ; d'autres encore qui portent lustre et poliment comme marbre, et d'autres qui representent minieres d'or, d'argent, de cuivre et couleurs fort admirables 4. Le marbre est donc, pour l'architecte, une pierre « qui porte lustre et poliment » et qui presente l'avantage, qu'il semble juger considerable, de n'etre point sujette a recevoir des bousins. 1 Qui accorde aux pierres dures, au jaspe notamment, assimile bien souvent a du marbre, une symbolique particuliere.
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