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« Envie de passion »

2017; Volume: N° 228; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3917/cohe.228.0094

1951-6290

Claude Guy,

Psychoanalysis and Psychopathology Research

La passion me semble être le paroxysme de l’envie réactualisant de façon radicale la haine, qui finit toujours par poindre et se déchaîner parfois jusqu’à la destruction. Souvent qualifiée de passion triste, l’envie est au cœur de la passion parce que, contrairement à ce qui se dit habituellement à son sujet, une passion se vit seul, même si l’autre est présent, et c’est précisément cette altérité en présence qui est insupportable, haïe. Dans la passion, on est dans l’envie d’une relation idéale qu’on aurait aimé vivre avec l’objet (car l’autre alors n’est au fond que pur objet de cette mise en acte) sans y parvenir jamais. Car toute passion est incestueuse, dans le sens où ceux qui vivent une passion amoureuse adultes ont eu à faire avec elle, enfants, dans leur rapport au premier objet d’amour, qu’elle ait été vécue réellement de leur fait ou, plus fréquemment, qu’elle ait été seulement souhaitée (et refoulée) pour sortir de la torpeur mortelle dans laquelle la relation affective avec lui (l’objet) s’était enlisée.