Vers une culture musicale du corps
2001; Volume: 14; Linguagem: Francês
10.2307/40240403
ISSN2296-4177
Autores Tópico(s)Historical Studies and Socio-cultural Analysis
ResumoVers une culture musicale du corpsLothaire Mabru 1 La question du geste, et plus globalement celle du corps dans la musique commence depuis quelques années à susciter des travaux de recherche, mais il faut bien avouer qu'elle est encore aujourd'hui un terrain sinon neuf, du moins peu exploré.Pourtant, dès 1936 André Schaeffner, dans son ouvrage désormais classique, intitulé Origine des instruments de musique.Introduction ethnologique à l'histoire de la musique instrumentale avait largement ouvert la voie, en postulant pour une origine corporelle de la musique, contre la thèse de l'origine linguistique.Ce faisant, il montrait l'importance du corps dans la pratique musicale et avançait des notions d'une grande pertinence, telle que celle de « lisibilité corporelle » de la musique, dont la portée n'a pas été assez mesurée, me semble-t-il.Mais André Schaeffner opposait les « musiques primitives » à notre « musique des 'conservatoires', musique trop souvent de papier » (1936 : 11), reconduisant ainsi l'inévitable opposition oralité/écriture.D'où la question d'un dosage différent du poids du corps dans les diverses modalités de la transmission et de la fixation du savoir.Jean Molino, dans un article relativement récent (1988), opposait lui aussi les pratiques musicales sans écriture à celles qui l'utilisent, en plaidant encore une fois pour une moindre importance du corps dans le cas des secondes.J'ai montré ailleurs (Mabru 1999) qu'il n'en était rien, à travers l'exemple du violon dans la musique dite savante.Quoi qu'il en soit, l'article de Molino permettait de renouer avec cette question et il mettait en évidence la nécessité de redonner au corps la place qu'il a toujours eue mais que, du fait de la construction dans notre culture de la notion de musique comme pureté sonore, on avait la fâcheuse tendance à occulter.Peu de travaux ont été suscités par cette contribution capitale de Molino.Et lorsque la question du corps est traitée, c'est le plus souvent dans une perspective psychologisante, avec notamment la notion de geste intérieur qui a fait fortune, et ne me paraît pourtant pas d'une grande utilité.La musique n'est pas une entité pure (comme le fait si justement remarquer Jean Molino) qui aurait quelque emprise sur le corps, mais je dirai plutôt qu'elle est un comportement : un comportement soumis à certaines règles et contraintes, déterminant ainsi ce que j'appelle une culture musicale du corps.En effet, nul ne doute du caractère culturel du comportement du musicien.Pour s'en convaincre, il suffit de penser à la tenue du violon Vers une culture musicale du corps
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