Artigo Acesso aberto Revisado por pares

Thélème, <i>Il Cortegiano</i> et la cour de François 1er

1969; Iter Press; Volume: 14; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.33137/rr.v14i1.12884

ISSN

2293-7374

Autores

Isida Cremona,

Tópico(s)

Historical and Literary Studies

Resumo

Dans l'Introduction de son édition critique de L'Abbaye de Thélème} Raoul Morçay propose, comme inspiration première de ce "plus char- mant tableau de la Renaissance qui nous soit reste," le livre d'or du XVIe siècle: // Libro del Cortegiano du comte Baldesar Castiglione.Le rapprochement n'est pas nouveau: Heulard, cinquante ans plus tôt, avait identifié Thélème à un "état de la maison du roi," maison établie pour François 1er sur le modèle de la cour d'Urbin.On a également pensé que les ambitions politiques de Jean Du Bellay n'auraient pas été étrangères à l'édification de ce "hors-d'oeuvre" qui ne cesse d'intriguer la critique.A l'époque de Rabelais, Thélème prêtait déjà à ambiguïté.Mais, pour une société atteinte dans son unité spirituelle, l'intérêt de l'épisode réside, plutôt que dans les sources d'inspiration, dans les signes révé- lateurs d'engagement religieux: les uns verront ainsi dans Thélème une profession de foi "luthérienne," aboutissement logique de l'anti- monasticisme amorcé dans le Pantagruel,'^les autres un hymne naturaliste franchement anti-confessionnel.^Aulendemain de l'affaire des Placards, la polémique se saisit du texte et polarise les attitudes.Celle du roi, dans les circonstances, est à retenir: François 1er assure l'auteur du Gargantua de toute sa protection. 5 Née d'un intérêt renouvelé pour l'oeuvre de Rabelais durant ces cinquante dernières années, l'étude des sources accorde à l'épisode de Thélème une place de choix avec, au premier plan, la règle de vie des thélémites, considérée la clef par excellence de l'insaisissable credo philosophique et religieux de l'écrivain.Quelques rapprochements se sont ainsi imposés avec les Utopies en général^et, en particulier, avec La Città del Sole de Campanella.'^On a également signalé les analogies avec tel ou tel autre penseur de l'Anti- quité, avec Platon (Lenoble), avec Sénèque complété par Cicéron,^avec saint Paul et son thème de la liberté: the Christian Liberty whose praises St. Paul sings, as interpreted by Luther or by Erasmus or by the humanist Evangehcals in generaL It is a call to stand fast ... in the liberty wherewith Christ hath made us free, as St. Paul urged in Galatians I, 1.M ais, pour la majorité des critiques, l'inspirateur privilégié demeure Erasme, qu'il s'agisse du polémiste de l'Epicureus,^^ou du "rationaliste" du Second Hyperaspistes.Publié contre Luther en 1527, cet ouvrage contient le passage que Rabelais, à sa manière, aurait traduit:Fateor in quibusdam ingeniis bene natis ac bene educatis minimum esse pravitatis.Maxima proclivitatis pars est non ex natura, sed ex corrupta institutione, ex improbo convictu, ex assuetudine peccandi, malitiaque voluntatis.^Ĉastiglione lui-même, pour son Cortegiano, aurait été tributaire des enseignements d'Erasme contenus dans l'Institutio Principis Christiani, publié en 1517.12Récemment Larmat a fait à nouveau un rapprochement avec Castiglione en relevant une parenté pédagogique évidente entre l'éducation conçue pour les thélémites et celle que le gentilhomme d'Urbin avait définie dans les trois premiers de ses quatre Dialogues, ^^et il ajoute, à la suite d'Heulard, qu'il pourrait bien s'agir d'une addition rédigée après le premier séjour italien de Rabelais.C'est à partir de ce foisonnement de données qui se chevauchent et parfois se contredisent, sans cependant entrer dans le débat toujours ouvert sur la date de pubhcation du Gargantua,^'^que nous avons entrepris d'approfondir la question des rapports entre l'Abbaye de Thélème et le livre du Courtisan.Le fameux traité du gentilhomme se présente comme le compte rendu dialogué d'un jeu de société.Réunis dans le salon de la duchesse Elisabeth de Gonzague, les seigneurs, nobles dames, écrivains et prélats qui furent effectivement avec Castiglione au service de la cour d'Urbin, se proposent de dresser le portrait idéal du courtisan chrétien.A tour de rôle, un locuteur est choisi qui apporte, sur un thème donné, sa contribution à l'élaboration de ce portrait.Les auditeurs interviennent pour nuancer l'exposé ou pour le contredire.Les dialogues sont censés avoir eu lieu à l'époque du passage de

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