Le masque et la barbe. Figures du croquemitaine médiéval
1998; Volume: 26; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.3406/mar.1998.1672
ISSN2419-8676
AutoresDanièle Alexandre-Bidon, Jacques Berlioz,
ResumoAlexandre-Bidon (Danièle) et Berlioz (Jacques). — Le masque et la barbe. Figures du croquemitaine médiéval. Pour l'Occident médiéval, les documents intéressant les croquemitaines sont fort rares. Établir une typologie est donc fort périlleux. Mais il est probable que des êtres surnaturels présents dans le monde adulte (diable ; démons ; loups-garous) ont pu être utilisés dans le monde de l'enfance. En 1982 (Le Monde alpin et rhodanien, pp. 221-234), J. Berlioz avait étudié l'ex- pression «faire barbo» apparaissant dans le recueil d'exempla du dominicain Étienne de Bourbon (mort vers 1261 ), et reprise dans la Tabula exemplorum (fin XIII' siècle). Était avancée l'hypothèse de l'utilisation d'un masque barbu, ce dernier prenant le nom de barbo, barbou, barbeu. De nouveaux témoignages renforcent cette hypothèse, comme ceux de Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris (1228-1249), grand connaisseur de la culture «populaire». Hormis les récits exemplaires, les écrits théologiques et les textes littéraires (Joinville, Chaucer), les images fournissent de précieux témoignage. D. Alexandre-Bidon a recherché si, dans l'iconographie du XVe et du début du XVI' siècle, il existait des allusions, visuelles, aux barbos et si l'image était susceptible de contribuer à en préciser l'apparence ou de confirmer la déclinaison sous forme de masque de cette technique d'éducation par la peur. L'enquête a démontré la quasi-absence de représentation d'un être verbal en situation éducative, même dans la plus familiale des iconographies (livres d'heures, livres pour enfants), alors qu'on y voit l'abondance d'autres «êtres verbaux», monstres divers, nains, fantômes et loups-garous. Certaines images -mais d'interprétation difficile — montrent un masque barbu présenté par un adulte à un enfant. Le dénominateur commun des personnages dominateurs et dévoreurs (et notamment mangeurs d'enfants), outre la gueule ouverte, est la barbe (par ailleurs ambivalente). Certains jeux d'enfants utilisent un masque, comme si après une éducation par la peur du masque dévorateur, sa récupération sous la forme ludique avait pour finalité de dissiper le traumatisme éventuel de la pédagogie «à la dure» des nourrices médiévales. Le Monde alpin et rhodanien, 2e-4e trimestres 1998, Les croquemitaines. Faire peur et éduquer, pp. 163 à 186.
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