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Essai comparatif sur l'origine et l'histoire des rythmes

1890; Johns Hopkins University Press; Volume: 11; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.2307/288187

ISSN

1086-3168

Autores

F. M. Warren, Maximilien Kawczynski,

Resumo

QUESTIONS PUÉLlMJiN AIRESAvant d'entrer dans le sujet propre de ce travail, il faut préciser d'abord la place qu'il occupe parmi des phénomènes semblables.Les phénomènes rythmiques ne louchent pas à la matière des choses, mais à la forme de leur existence.Or, le temps et l'espace étant la forme la plus générale de l'existence, il faut donc que les phénomènes r^^thmiques tombent aussi sous cette forme ou condition générale.On veut voir aujourd'hui du rythme dans certains phénomènes de la nature: dans la chu le cadencée des gouttes d'eau, tombant après la pluie du feuillage des arbres, dans le battement du coeur, dans les mouvements de l'homme et des animaux.Telle est l'idée de ]\r.Westphal sur l'origine du rythme en général.Igno- rant encore si la conception primitive du rythme dans l'art coïncide avec la forme des mouvements naturels réguliers, nous devons nous borner au domaine dans RYTHMES l lequel ces phénomènes se manifestent le plus, dans lequel ils ont une histoire, et où ils sont placés par l'homme avec la conscience de son but et de sa volonté, en un mot, il faut nous borner au domaine historique de l'art.Les arts relèvent nécessairement de la condition for- melle de l'existence et se divisent en arts des mouvements dont les oeuvres s'écoulent dans le temps, et en arts du repos dont les produits s'étalent et persistent dans l'espace.D'après cette division, établie pour la première fois par Aristoxène, disciple d'Aristote, la danse, les phénomènes qui ont donné le substratum sensible de cette notion ?Autant de questions qui attendent une réponse.Je ne saurais dire si ces questions ont été déjà posées de la manière que je viens de le faire ici, mais on sait que les recherches des savants n'ont pu jusqu'à présent les résoudre d'une manière satisfaisante.Récemment encore M. Wilhelm Ma^'er, professeur à Goettingue, ne pouvant trouver l'origine de la poésie rythmique latine dans la rythmique classique, s'est avisé de la rechercher dans la poésie syriaque, supposant d'abord que cette versification est fondée sur l'accent, et de plus que c'est dans l'accent et dans le syllabisme que consiste la règle, non-seulement de la versification syriaque, mais aussi d'une versification hébraïque supposée.Cette suite de suppositions l'amène à attribuer à la rythmique latine une origine sémitique.Nous établirons plus loin que sa première supposition est erronée,et tou- tes les autres tomberont de même.tous ces peuples beaucoup de notions mythologiques semblables, mais il ne s'en suit pas qu'elles soient toutes originairement communes.La terre considérée comme une vache, le ciel comme un taureau, telle est la conception mythologique fondamentale dans la Rig-Veda, dont VEdda ne présente plus aucune trace.Quoi qu'en dise l'école de Berlin.MM.Bang et Bugge > ont ^Hanv;, ^ulnspil, 1880.-IJr'.'iE.Sdulien iibor .lienonlische Gôtter und Heldonsaeo, 1882, Une autre idée préconçue entrave plus encore nos re- cherches.On veut croire que la poésie et les autres arts musicaux, c'est-à-dire la musique et la danse ont été spontanées et autochtones chez tous les peuples qui les *.J. Gkimm, (iescliithte der denlschen Sprache.Pictet, Les ori- gines indo-européennes.-. V. Hehn.Verl)reitung der (killurpllanzen iind Hauslhiere in Hnropa.IS77.il faut connaître l'échelle musicale, qui est un S3'stème de sons.Ce système est artificiel, parce que la nature ne nous en offre nulle part le modèle.Il n'est pas non plus déterminé par la structure de notre gosier, puisqu'il faut l'apprendre à force d'exercices mille fois répétés.Il n'est pas spontané.Les mêmes réflexions se présentent en ce qui con- cerne la danse, qui a pour base un composé de pas et de mouvements difficiles à apprendre, et plus encore à trou- ver.On peut parler, crier, hurler, courir, sauter d'une manière spontanée, mais non pas faire des vers, chanter ou danser.Outre leurs règles spéciales, les trois arts musicaux sont gouvernés par des lois r^^thmiques très difficiles à saisir, puisqu'il y a des peuples très cultivés qui ne sont pas arrivés à en acquérir l'idée.Un point très important à noter c'est que la notion du rj'thme est inconnue dans la littérature sanscrite.J'insiste encore une fois sur la critique logique : la poésie, la musique, la danse sont des arts ; tous ces arts sont essentiellement artificiels aujourd'hui, et il faut bien que ce qui constitue leur caractère ait été contenu déjà dans leurs germes.Passons à l'autochtlionéité,-nous demandons pardon d'avoir forgé ce mot qui nous est nécessaire pour expli- quer notre pensée,-c'est une affaire d'amour-propre na- tional.Chaque peuple se pique de posséder des arts issus de son esprit.Mais les faits y contredisent.Regardons la terre, les magnifiques dûmes romans dans la vallée du Rhin, à Cologne, à Mayence, cnVorms.à Spire : le nom indique la provenance de leur style.Regardons les superbes cathédrales gothiques dont s'est parée l'Allemagne : c'est Suger à Saint-Denis qui en inventa la première con- struction.Ecoutons les profondes harmonies qui nous ra- vissent dans les oeuvres de Beethoven, de Bach : elles sont basées sur les deux échelles musicales modernes, dont la théorie fut établie par Rameau.Parcourons les anciennes compositions de Zielenski, de Palestrina, de ', Kt.'rn[ues of ancient english Poetry.. tTOîJ.-limême qui sont de traductions des romances espagnoles, d'autres encore qui ont des minstrels pour auteurs.Nous ferons remarquer que les minstrels étaient tonsurés, quils appartenaient aux ordres inférieurs de l'Eglise, qu'ils passaient par uneécole'.Il semble qu'ils étaient des ministrants » à la messe, surtout aux messes chantées dans des églises de petites villes et villages qui ne possé- daient pas d'orgues.Chanteurs et musiciens de profession, ils s'occupaient non seulement de l'art religieux, mais aussi de l'art profane.Un peut les assimiler aux va- gants, aux jongleurs, aux trouvères eux-mêmes.Le même art que les trouvères portaient dans les châ- teaux, ceux-là le portaient aux foires et dans les rues des villes.Ils choisissaient des sujets qui pouvaient convenir au peuple, ils simplitièrent les formes et ren- dirent leur art populaire.C'est donc l'art du moyen âge popularisé qui se maintint parmi le peuple à travers les siècles de la Renaissance jusqu'à notre temps.La poésie de la Renaissance sur les hauteurs du Parnasse ne daignait pas descendre dans les basses régions du peuple, elle ne savait pas l'intéresser à Jupiter, à Apollon et aux muses.On sait quelle forte impulsion la poésie européenne avait reçue de la publication du recueil de Percy.Herder lui-même se mit à la recherche des chan- sons populaires, il publia « les Voix des peuples », il inspira au jeune Goethe le même goût pour ces produc- tions, et fut suivi dans cette voie non seulement par les frères Grimm, mais directement ou indirectement par tous ces nombreux travailleurs qui s'occupent depuis de faire connaître les récits et les chants répandus parmi les divers peuples.J'ai dit à dessein les récits, parce qu'on les considérait, il n'y a pas longtemps encore, comme des productions aussi bien spontanées et au- *.V. l'étude sur la musique, au siècle de Saint-Louis, par M. H. Lavoix dans le « Recueil de motets français, 1882, vol.II.» -15 - tochtones que les chansons, et cependant la plupart ont leur source dans la littérature sanscrite, source d'origine savante, puisqu'ils ont pour auteurs, d'après Burnouf et Benfe3^, des prêtres bouddhistes ; la voie par laquelle ils nous ont été transmis est savante aussi, marquée par les traductions en persan, en s}'- rien, en arabe, en hébreu, en grec et en latin.La science ayant déjà réussi à tirer les récits de la nuit de la spontanéité, nous pouvons espérer que les chan- sons populaires sortiront aussi des ténèbres dans les- quelles l'hj'pothèse romantique les a plongées.Pla- cées sur le terrain de la tradition artistique, elles ne tarderont pas à nous livrer le secret de leur âge et de leur provenance.Ces idées, à mon avis, sont fausses, et je leur repro- cherais d'entraver les recherches littéraires.Peut-être n'ai-je pas encore suffisamment prouvé la thèse que je soutiens, mais je continuerai ma démonstration en essayant de leur opposer des propositions tout à fait contraires, qui mériteraient peut-être plutôt le nom de principes.Toute invention dans le domaine de l'art ou de la science, comme toute invention en général, me paraît être toujours individuelle et personnelle, et procéder dun esprit supérieur en son genre à tous les autres, qui l'imitent ensuite.Je soutiens donc d'abord que chaque initiative est personnelle, et il pourrait sembler superflu de le vouloir prouver, tant cela est clair.Tout au con- traire, on va jusqu'à prétendre que toutes les nouvelles idées sont le produit du peuple entier, qu'avant d'entrer dans la littérature, elles essaiment, bourdonnent dans l'air, en un mot, que tout le monde 3' participe et que les écrivains n'ont qu'à les bien énoncer.On ôte aux esprits supérieurs le mérite de leurs veilles, du travail de leur pensée, pour le partager entre la foule qui ignore l'art difficile de la méditation.Prenons un exemple : M. Taine vient d'énoncer des -1(> - opinions nouvelles sur la Révolution française ; est-ce qu'elles bourdonnaient dans l'air depuis longtemps, est-ce que la Ibule y avait songé?Le célèbre savant y est parvenu à laide d'une nouvelle analyse des faits et d'une synthèse également nouvelle.Seul de son opinion à l'heure de la publication de son oeuvre, aujourd'hui il ne l'est plus probablement.Telle est toujours la relation entre la foule et l'idée nouvelle.Originairement sorties d'un esprit unique et peut-être solitaire, elles se propa- gent non seulement par les livres, mais encore par les journaux, par les discours publics, par le théâtre ; peu à peu elles s'imposent aux masses.Plus l'idée est nou- velle, élevée, éloignée des idées recues.plusdifficilement elle se répandra et sera acceptée : au contraire une idée plus à la portée du public, c'est-à-dire moins éloignée des opinions établies, devient facilement populaire.ilarrive alors qu'après un certain temps un esprit inférieur la rencontre parmi la foule, et ignorant son origine, lui prête sa parole et sa plume, se fait le champion de cette idée trouvée parmi le peuple.C'est ainsi qu'en b'rance nous voyons des écrivains attribuer au peuple des idées émises par 'Voltaire, par Diderot et par Ilousseau.Rien de plus rare qu'une nouvelle pensée.On pourrait en dire de même d'une nouvelle mélodie, d'une nou- velle statue, d'une nouvelle façade.Partout nous trou- vons des réminiscences.Les oeuvres les plus indépen- dantes ne sont composées que d'éléments, de motifs connus.Une oeuvre toute nouvelle n'est qu'une nouvelle synthèse, précédée le plus souvent d'une analyse nou- velle ; mais pour arriver à cette synthèse ou à cette analyse, il faut connaître toutes les synthèses et les ana- lyses déjà exécutées, il faut connaître à fond le matériel donné, le matériel des sons, des paroles, des pierres.C'est pourquoi une invention, chose possible en tous temps, n'est que rare, et toujours due à un esprit supé- rieur passionné pour la recherche, pour Ja médita" tion.'

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