GOD IN HET DIEPST VAN DE GEDACHTE
1955; Taylor & Francis; Volume: 16; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1080/00062278.1955.10596366
ISSN1783-1377
Autores Tópico(s)Classical Antiquity Studies
ResumoSOMMAIRE Dans l'étude de la doctrine augustinienne sur l'image de Dieu, il ne faut pas négliger les textes étrangers au De Trinitate. Au contraire, en les étudiant de plus près, on constatera qu'on ne peut aborder cette oeuvre qu'avec une connaissance très précise de la doctrine développée surtout dans les études exégétiques de saint Augustin. Ce sont avant tout ses idées sur la création de l'esprit qui nous intéressent ici. Selon la conception plotinienne qu'Augustin a reprise, on doit distinguer en toute création deux moments: le moment de détachement, de séparation de Dieu (materia spiritalis pour l'esprit), et le moment qui constitue les créatures dans leur être: la „conversio”, par laquelle l'être adhère à D:eu. Pour l'esprit, cette „conversio” est une adhésion spirituelle, c'est à dire une connaissance et une tendance ou un amour. Fieri pour lui, c'est agnoscere Deum per quem fit, la conversio, ici, est contemplatio; ou, comme l'a dit fort bien E. von Ivánka: l'esprit est un acte subsistant d'amour envers Dieu, „ein subsistr'erender Akt der Liebe zu Gott”. Après une hésitation de plusieurs années, Augustin reconnaît les conséquences de cette doctrine: même en état de péché, l'homme reste image de Dieu. En le créant esprit, Dieu lui confie la tâche de prolonger ce geste de formation: l'homme lui-même doit „former” son esprit davantage par une continuation assidue de cette „conversio”, par laquelle il est devenu esprit. Le péché ou l' „aversio” réduit considérablement la perfection de l'esprit, mais ne l'annéantit pas pour autant. En son fond il lui reste une connaissance de Dieu et une aspiration vers Lui, dont l'homme n'est pas conscient, parce qu'il se méconnaît lui-même, C'est cette présence de Dieu dans le fond de l'esprit qui rend possible le retour à Lui. Cette possibilité confère à l'esprit la „capacitas Dei”. En analysant de plus près cette présence; Augustin nous déclare qu'elle se manifeste comme la lumière qui dirige en tout homme, même pécheur, ses jugements vrais (ut convertatur ad Dominum tamquam ad eam lucem qua etiam cum ab ilio averteretur quodam modo tangebatur. Trin. XIV, 15, 21). Se détourner de Dieu, c'est autant dire ne pas être conscient de soi-même. On se convertit donc à Dieu en redevenant conscient de l'essence de son être, comme on réalise sa mission en croissant dans la „conversio” et l'auto-conscience. C'est sur ce processus d'auto-conscience par lequel on découvre Dieu, que le De Trinitate vient apporter d'utiles compléments. Ontologiquement, de par sa création, l'esprit possède, connaît et aime Dieu. C'est ce niveau d'être de l'esprit qu'Augustin appelle la mémoire, „memoria”. Quand on réalise tant soit peu sa mission, inscrite dans l'être de l'esprit, et que, par conséquent, on prend conscience de soi-même, on vit à un deuxieme niveau, celui du cogitatio. Ici, l'esprit tend à prendre possession de lui-même, à s'exprimer dans un verbe, parfaite image de l'esprit. Ce verbe naît de l'esprit au premier niveau. Entre ces deux, memoria et verbum, il y a une relation de „parens et proies”. Cette tension vers l'auto-expression est dirigée, poussée par le dynamisme de l'esprit, l'appetitus inveniendi (ou inquisitio, attentio, ce qui est, au fond, le mouvement de la „conversio”). Une fois le verbe né, cette tension se relâche, il y a repos, jouissance, ce qu'Augustin appelle dilectio ou amor: troisième niveau de l'esprit. Dans chacune de ces phases, l'esprit est trinité: il se possède, se connaît (=intelligit, non: cogitat) et s'aime lui-même, même au premier niveau, comme le musicien, qui fait de la géométrie, ne cesse pas pour autant de posséder, de connaître et d'aimer sa musique. Les trois termes de l'esprit-trinité sont également: memoria, intelligentia, amor (ou dilectio, voluntas). Cet emploi de termes à double sens prête à la confusion; on les trouve clairement distingués dans Trin. XV, 21, 40–41. Continuer la „conversio” qui le constitue, voilà la tâche de l'esprit, qu'il doit réaliser par le „cogito”. De son coté, ce „cogito” s'effectue sous la poussée du dynanisme mental, l'appetitus, qui n'est autre que la „conversio” en train de réalisation. Cette tâche ne sera achevée que dans l'au-delà: alors l'esprit sera vraiment lui-même et la tension interne se sera transformée en repos. Car l'esprit n'est lui-même qu'en possédant, connaissant et aimant pleinement Dieu.
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