Artigo Revisado por pares

Remarques sur le corps autobiographique dans la psychose. Le Saut dans les Cahiers de Nijinski

2018; Éditions Érès; Volume: n° 24; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3917/sc.024.0121

ISSN

1776-2871

Autores

Louis Raffinot,

Tópico(s)

Historical and Scientific Studies

Resumo

La démarche autobiographique dans la psychose suppose la confrontation avec une histoire paradoxale, précipitant le texte dans un corps à corps charnel toujours au bord de révéler les ruines d’une mémoire éclatée. Le texte vient prendre alors la place d’un corps imaginaire, remodelage s’affirmant de manière parfois délirante dans l’ambition ultime de contenir le risque d’un corps dissocié. En 1919, âgé de 29 ans, le chorégraphe-danseur Vaslav Nijinski écrit une succession de Cahiers dans lesquels il témoigne de la décompensation progressive de sa psychose. Entre deux époques de sa vie, les Cahiers marquent la rupture avec sa carrière artistique pour laisser place à l’internement jusqu’à la catatonie la plus extrême. Ainsi se joue alors la tentative d’exprimer parfois explicitement les raisons d’une douleur psychique lancinante. Les deuils sont nombreux, parfois indicibles. Nous avons voulu souligner l’importance de deux d’entre eux : la mort de son frère en 1918 faisant écho à celle de son père en 1912, ainsi que sa séparation avec Serge de Diaghilev et les Ballets Russes suite à son mariage avec la danseuse Romola de Pulszky. Par-delà les deuils évoqués, se révèle une impression plus radicale. Il s’agissait de concevoir l’importance de l’anti-conflictualité dans la psychose préalable à tout travail de deuil, laissant en suspens la question du statut d’une figure du corps tenant lieu d’incarnation de cette impossibilité. Là se construit l’hypothèse de la place du saut dans la vie de Nijinski, laissant apparaître la dimension radicalement corporelle de l’impression, que la démarche autobiographique tente d’exprimer et parfois de justifier. Dans cette perspective, nous avons voulu souligner la nécessité de concevoir un geste venant reconnaître l’impression inexprimable introduisant à l’hypothèse d’une symbolisation de cette impossibilité, laissant ainsi place, par le désir du thérapeute et dans le cas présent du lecteur, à l’élection d’une figure corporelle opérant comme un symptôme. Ce processus conditionne la mise en place de ce que nous avons appelé une Image du geste , permettant, avec des patients psychotiques, de contenir les agirs éventuels.

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