Transmission orogénitale de Neisseria meningitidis CC ST11 prouvée par séquençage génomique, au cours d’une urétrite aiguë sans prise de risque sexuel
2018; Elsevier BV; Volume: 145; Issue: 12 Linguagem: Francês
10.1016/j.annder.2018.09.470
ISSN2214-5451
AutoresA. Jannic, Hedi Mammeri, Leon M. Larcher, V. Descamps, W. Tosini, Bao-Chau Phung, Y. Yazanpanah, F. Bouscarat,
Tópico(s)Reproductive tract infections research
ResumoNeisseria meningitidis (NM) est un diplocoque gram négatif responsable d'infections invasives sévères. Il colonise l'oropharynx et se transmet par gouttelettes. Des cas d'urétrite à méningocoque sont décrits depuis les années 1940 mais la transmission orogénitale est rarement démontrée. Des épidémies d'infections invasives à NM ont été rapportées chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) à risque, justifiant l'extension des recommandations vaccinales. Nous rapportons un cas d'urétrite symptomatique à NM du complexe clonal (CC) ST-11 chez un couple d'HSH en l'absence de facteurs de risques habituels. Un homme de 22 ans consultait pour un tableau d'urétrite avec écoulement urétral purulent et douleurs mictionnelles sans signe général. Ses derniers rapports sexuels (dont orogénitaux) remontaient à 3 semaines, avec son unique partenaire asymptomatique. Le patient et son partenaire déclaraient n'avoir eu aucun autre partenaire sexuel dans leur vie avant cette relation. Les PCR gonocoque et C. trachomatis sur premier jet d'urine, écouvillons anal et pharyngé et les sérologies VIH, hépatites et syphilis étaient négatives chez les 2 partenaires. La culture du prélèvement urétral du patient était positive à NM tout comme le prélèvement pharyngé effectué chez le partenaire. Le séquençage génomique complet des souches affirmait leur clonalité (seulement 3 polymorphismes nucléotidiques) et leur appartenance au CC ST-11. La guérison complète du patient était obtenue rapidement après traitement probabiliste par une injection IM de ceftriaxone 500 mg et une prise d'azithromycine 1 g. Le partenaire recevait une dose de ceftriaxone à visée de décontamination. NM est une cause émergente d'urétrites, rarement symptomatiques et non détectées lors des tests de dépistage par TAG. Ici, nous avons confirmé par séquençage complet que le portage asymptomatique de NM par le partenaire était la source de l'urétrite. Nous avons déterminé que cette souche appartenait au CC ST-11, récemment décrit à travers le monde comme responsable d'urétrites, l'expression de la nitrite réductase permettant un tropisme urothélial. Ce cas est notable car le patient présentait une urétrite aiguë sans prise de risque sexuelle par lui ou son partenaire, tous deux vierges avant leur rencontre. Ce diagnostic étiologique formel a permis de limiter l'impact psychologique délétère et la remise en cause de la fidélité au sein du couple. Il souligne également l'importance des techniques de bactériologie classique en cas d'urétrite avec écoulement. NM, rarement responsable d'urétrites non-gonococciques, peut être incriminé en l'absence de conduite sexuelle à risque. Les PCR gonocoque sont en défaut pour le détecter : la mise en culture de tout écoulement reste indispensable.
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