Xavier Vatin, Rites et musiques de possession à Bahia
2008; Brill; Linguagem: Francês
10.1163/17683084-01502027
ISSN1768-3084
Autores Tópico(s)Music History and Culture
ResumoRecherches Amériques latines »).Cet ouvrage est une version condensée de la thèse doctorale soutenue à l'EHESS de Paris par Xavier Vatin, ethnomusicologue qui mène des recherches à Salvador de Bahia depuis 1992.Trop générique, le titre ne restitue pas la spécificité de cette étude sur le candomblé, religion afro-brésilienne qui a déjà fait l'objet de nombreux travaux.En adoptant une approche comparative qui porte plus particulièrement sur les rythmes et les chants utilisés dans les divers terreiros (les lieux de culte afro-brésilien), l'auteur montre pourquoi la prétendue hégémonie de l'« authenticité » ketu (ou yoruba) face aux autres « nations » [terme emic censé recouvrir les appartenances culturelles prédominantes de chaque terreiro], jêje, angola et caboclo, doit être remise en question.Cette idée d'authenticité africaine yoruba remonte aux premières études de Nina Rodrigues, à la fin du xix e siècle ; elle a été ensuite alimentée par Edison Carneiro, Roger Bastide et Pierre Verger et autres, au point d'influer sur les pratiques du candomblé.En effet, les écrits des ethnologues font désormais texte dans les terreiros ketu où ils ont effectué leurs recherches, lieux devenus célèbres grâce à la légitimation du monde scientifique.Le phénomène a été amplifié par le fait que divers chercheurs sont eux-mêmes devenus des membres d'honneur de ces candomblés, contribuant donc à la production d'une orthodoxie au nom d'une continuité avec les réelles traditions africaines.Bien qu'introduit dans le monde du candomblé par Pierre Verger, l'auteur s'est éloigné de la lecture figée qu'en avait ce dernier pour s'intéresser aux cultes classés comme plus syncrétiques, moins « africains » et donc délaissés par les chercheurs.À partir de l'analyse des matériaux collectés (enregistrements sonores, documents audiovisuels, entretiens, clichés, et notes sur deux cents cérémonies), Vatin défend l'idée que tous les groupes font l'objet de processus d'interpénétration et de métissage réciproques.Ce faisant il s'inscrit dans la ligne critique de Beatriz Dantas, Reginaldo Prandi, Sergio Ferretti, Véronique Boyer-Araujo, Stefania Capone, etc., dont les travaux portent sur les stratégies de ré-africanisation à l'oeuvre dans les candomblés brésiliens.En rupture avec la vision monolithique et essentialiste, ils ont constaté que le chercheur est lui-même un instrument de légitimation des « traditions », et donc de certains terreiros, sur un marché religieux concurrentiel en pleine expansion.Soulignons que dans la seule ville de Salvador il y a actuellement plus de deux mille terreiros alors qu'ils n'étaient qu'une centaine en 1937.Articulé en deux parties, la première (p.19-103) est une mise en contexte ethnologique de la problématique.S'appuyant sur les travaux de ces prédécesseurs, Vatin résume le processus historique de marginalisation des candomblés bantou et caboclo, dénigrés au nom d'une idéologie scientifique qui les considérait comme « dégénérés » face à la « pureté » des rituels yorouba.Cette vision duale a aussi construit une fausse opposition entre cultes religieux et sorcellerie (macumba), qui s'est traduite par une stigmatisation, voire répression des adeptes.Ces préjugés ont eu des conséquences indéniables sur les terreiros : nombre d'entre eux ont adopté une appartenance officielle à la tradition ketu, tout en conservant des traits bantous.
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