Rumeurs en scène et autres figures
2015; Volume: N° 141-144; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.3917/lige.141.0101
ISSN2606-6165
Autores Tópico(s)Historical and Literary Analyses
ResumoEn guise de préambule 1Le bruit ressortit à une mesure esthétique, à une appréciation que l'on pose selon l'angle de vue adopté ou encore subi.Au plan musical, le bruit a été, dans notre tradition occidentale, proscrit.« Les murs épais de l'architecture européenne ont structuré la musique, et ce, de la période du plain-chant à celle du sérialisme.En réalité, il serait possible d'écrire toute l'histoire de la musique européenne en se référant à la nature des murs qui l'ont vu évoluer » 2 .De l'église à la salle de concert, en passant par les Cours et les salons, espaces clos et hautement civilisés, l'écoute s'est spécialisée, affinée et a défini des lieux de pouvoir.A la faveur des mutations du début du XX e siècle, le bruit a fait l'objet d'une conquête progressive et d'une intégration à l'intérieur même du langage musical qui en a admis l'existence, la puissance et enfin la valeur.La création musicale s'en est trouvée bouleversée, enrichie.Luigi Russolo en 1913, dans son « Manifeste futuriste » (Milan, 11 mars 1913) 3 , appréhende l'histoire de la musique selon une évolution progressive.L'intégration du bruit dans le champ musical est, selon lui, un progrès nécessaire, inévitable, plus encore il constitue un saut qualitatif (l'électricité a permis l'invention de machines productrices de bruits).Edgard Varèse reprend, rectifie les propos de Russolo, et musicalise le bruit : celui-ci ne sera « plus à part » (Russolo organisait des concerts bruitistes avec piano jouant une musique très conventionnelle assortie de bruits produits par les crépiteurs, les strideurs, les bourdonneurs et autres instruments-bruiteurs inventés) ; bruits et musiques se croisent, s'échangent, s'hybrident et inventent des organismes sonores hauts en timbres, en couleurs et en intensités.Plusieurs facteurs, que nous décrirons brièvement, ont permis cette mutation à l'oeuvre des le début du XX e siècle : d'une part, l'évolution du langage musical à proprement parler ; d'autre part, l'intrusion d' « ailleurs » sonores et musicaux qui vont élargir nos capacités 1 .Danielle Mathieu-Bouillon et Olivier Morel m'ont permis l'accès à la bande-son réalisée par Fred Kiriloff.Ce travail qui mérite approfondissement n'aurait pu se faire sans leur aide.Je les remercie vivement et chaleureusement.
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