« Penser global, agir dans un bocal »

2016; Volume: VOL. 5; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.3917/gap.162.0153

ISSN

2262-340X

Autores

Amin Allal,

Tópico(s)

Historical and Political Studies

Resumo

La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue la traduction de la rhétorique internationale de la « participation » dans les langages du pouvoir domestique. L’analyse de projets de développement dits « participatifs », mis en œuvre à partir de la fin des années 1990 par les organisations internationales, illustre bien la fluidité systémique entre les dynamiques de l’ordre autoritaire et la réforme néo-libérale dans laquelle ces projets s’inscrivent. Si les effets de ceux-ci sont variables, ils constituent des ressources et ressorts du renouvellement du contrôle politique dans les situations autoritaires. À partir d’une analyse des projets mis en place dans la région de Gafsa dans le Sud tunisien, nous montrerons que la « participation locale » promue devient une grammaire hégémonique permettant de reformuler la fable du pouvoir du régime Ben Ali. Au-delà de sa portée légitimante, la « participation » est aussi l’occasion d’une domestication du secteur associatif et d’un redéploiement de la surveillance politique. En cela, la « participation » rejoint les caractéristiques d’un gouvernement autoritaire tout en offrant une opportunité pour des dominés de se greffer à ces processus développementistes. Mais ces trajectoires d’intégration subalterne ne se font qu’à travers la conformité au parti-État. Elles traduisent l’atomisation des opportunités de mobilités sociales et l’auto-entreprise individuelle de soi caractéristiques de la donne néo-libérale.

Referência(s)