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Vivre Ici: Space, Place, and Experience in Contemporary French Documentary by Alison J. Murray Levine

2019; University of Nebraska Press; Volume: 44; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/frf.2019.0013

1534-1836

Anne Cirella-Urrutia,

Photography and Visual Culture

Reviewed by: Vivre Ici: Space, Place, and Experience in Contemporary French Documentary by Alison J. Murray Levine Anne Cirella-Urrutia Alison J. Murray Levine. Vivre Ici: Space, Place, and Experience in Contemporary French Documentary. Liverpool, UK : Liverpool UP, 2018. Dans sa monographie scindée en six chapitres et fondée sur une approche phénoménologique, Murray Levine met en lumière une série de documentaires “expérientiels” produits et réalisés en France à partir des années 1990 (13). Dans le 1er chapitre intitulé “Renaissance?” l’auteure retrace l’historique des divers agents qui dès les années 2000 ont contribué à l’expansion et au succès de ce genre cinématique où le documentaire devient alors synonyme d’un écosystème. La production de chaînes de télévision privées comme La Sept (1986) et Arte (1992), la création d’un “Master Pro” universitaire et ses multiples programmes assurant le développement de cette catégorie filmique ainsi que la digitalisation de documentaires historiques par le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC) au rang de cinéma de patrimoine sont autant de vecteurs en faveur de son institutionnalisation et de cette renaissance (28). Effectuant une analyse formelle à partir du champ des études spatiales, Murray Levine propose d’associer l’expérience qui s’inscrit au cœur de cette nouvelle tendance à trois axes conceptuels qui sont le corps, l’espace et l’émancipation (du spectateur), ce dernier concept étant emprunté au philosophe français Jacques Rancière. Plus exactement, Murray Levine montre comment les notions de distance (la vision optique) et de proximité évoquant le toucher (la vision haptique) sont au centre même des stratégies cinématographiques des réalisateurs qu’elle sélectionne. Ainsi elle souligne que l’idée deleuzienne de l’haptique est dépliée en faveur d’une sensorialité esthétique qui s’appuie sur la combinaison entre la vue et le toucher dans les documentaires qui constituent le corpus de son étude (9). Dans le 2ème chapitre intitulé “Planet,” Murray Levine met en relief les méthodes filmiques dans Microcosmos (1996)et Génesis/Genesis (2004)de Claude Nuridsany et Marie Pérennou et dans Le peuple migrateur/Winged [End Page 195] Migration (2001) et Océans/Oceans (2009) de l’acteur et réalisateur Jacques Perrin. Elle regroupe ces cas d’étude dans une nouvelle catégorie qu’elle nomme “nouveaux éco-docs français” (41). Le 3ème chapitre qu’elle intitule “Road” expose les lieux que les différents sujets-narrateurs nomadiques occupent et traversent avec l’examen de trois documentaires de type autobiographique : Chats perchés/The Case of the Grinning Cat (2004) de Chris Marker, Les Plages d’Agnès/The Beaches of Agnès d’Agnès Varda (2008)et Journal de France (2012) des réalisateurs Claudine Nougaret et Raymond Depardon. Murray Levine soulève la question de la différence sociale en France dans son 4ème chapitre intitulé “School.”À travers l’analyse succincte de cinq documentaires aux qualités haptiques et qui ont pour cadre différents types d’institutions scolaires, elle brosse les expériences cinglantes d’adolescents issus de zones péri-urbaines et rurales. Elle analyse aussi comment ces documentaires mettent en amont des expériences pédagogiques singulières menées par des enseignants auprès d’élèves issus de l’immigration dans Grands comme le monde (1999) de Denis Gheerbrant, Être ou avoir/To Be and To Have (2002) de Nicolas Philibert, Nous, princesses de clèves/Children of the Princess of Cleves (2011) de Régis Sauder et D’une école à l’autre/From one School to the Other (2012) de Pascale Diez. Dans le chapitre suivant intitulé “Farm,”elle opère un changement d’es-pace et rend compte de la vision haptique et écologique que des réalisateurs posent sur les renouvèlements agricoles en France. En particulier, elle jette un éclairage nouveau sur la production alimentaire locale développée par des familles de fermiers dans la trilogie de Raymond Depardon Profils Paysans (2001/2005/2008), Les...