Progrès sélectionnés de la contraception au Canada
2019; Elsevier BV; Volume: 41; Linguagem: Francês
10.1016/j.jogc.2019.10.013
ISSN2665-9867
Autores Tópico(s)Canadian Identity and History
ResumoEn 1892, le Code criminel du Canada indiquait que quiconque, sciemment, sans justification légale ni excuse, annonce ou offre à la vente l'utilisation d'un contraceptif, à moins que celle-ci ne serve le bien public et que ce soit prouvé, est coupable d'un acte criminel et est passible de deux années d'emprisonnement. Du 21 octobre 1936 au 17 mars 1937, un procès a eu lieu à la cour des magistrats à Eastview en Ontario contre Dorothea Palmer. Il s'agissait d'une militante de 28 ans pour la régulation des naissances accusée d'avoir fait la promotion et offert des méthodes de contraception. Elle a été acquittée selon le motif qu'il avait été prouvé que son travail avait été fait pour le bien du public et qu'il était donc justifié. Cette décision en a été appelée par la Couronne et elle a été rejetée par la cour. Mme Palmer a donc été complètement innocentée. Il s'agit du seul cas qui s'est retrouvé devant les tribunaux pendant que cette mesure législative figurait encore dans le texte de la loi. Toutefois, la simple présence de cette mesure législative a eu des répercussions importantes sur l'éducation et la communication en matière de contraception au Canada. En 1962, le professeur Doug Cannell, alors président du Département d'obstétrique et gynécologie de l'Université de Toronto, a donné aux étudiants en médecine ce qui semble être le tout premier cour « officiel » sur les méthodes de contraception. À cette époque, j’étais le délégué médical d'Ortho Pharmaceutical et je communiquais avec les hôpitaux d'enseignement de Toronto. Un jour, certains résidents m'ont subrepticement incité à écouter le discours. La salle de cours était pleine à craquer. Le Dr Cannell est arrivé portant une petite valise « d'objets » et il a commencé sa conférence en disant ceci : « Mesdames et messieurs, je vais vous donner, aujourd'hui, une conférence illégale, et si je vais en prison… alors, vous venez tous avec moi! » Dans une émission télévisée de CBC du 21 décembre 1967, Pierre Trudeau, ministre de la Justice, a présenté à la Chambre des communes un projet de loi qui disait que l’État n'avait pas sa place dans les chambres à coucher du pays. En août 1969, le Parlement devait se pencher sur ce projet de loi pour retirer toute allusion à la « contraception » dans l'article 207 du Code criminel. En juin 1969, avant que le Parlement n'adopte une décision à ce sujet et afin de tester la réaction des consommateurs en prévision de cette décision, j'ai organisé avec le magazine Chatelaine, en tant que cadre supérieur auprès d'Ortho Pharmaceutical, la sortie d'une publicité anodine dans le numéro de juillet 1969 avec un seul changement mineur : Au lieu de nommer le produit « Delfen Vaginal Foam », ce qui était tout à fait légal, nous l'avons appelé « Delfen Contraceptive Foam », ce qui était contre la loi au Canada à l’époque. J'ai attendu jusqu’à ce que la revue de juillet soit fermée pour qu'aucun changement ne puisse y être apporté. Par la suite, j'ai avisé la Direction des aliments et des médicaments à Ottawa que j'avais commis une erreur en utilisant de façon prématurée cette appellation et que la Direction devait être prête à mesurer toute réaction à cette déclaration. L'annonce est sortie en juillet sans susciter quelque réponse négative que ce soit. Le Parlement a modifié la loi au mois d'août suivant et celle-ci comporte maintenant le texte que nous connaissons aujourd'hui. Depuis de nombreuses années, le bulletin de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) était le principal moyen de communication pour tenir les membres informés de ses activités. Lorsque le comité exécutif de la SOGC a décidé d'ajouter à ce bulletin une revue médicale officielle, on a communiqué avec moi, puisque j’étais le président d'Ortho Pharmaceutical, pour voir si je pouvais faire quelques suggestions sur la façon de la mettre sur pied. Il m'apparaissait évident que le financement et la possibilité d'expérimentation seraient des éléments essentiels, et nous en sommes arrivés à un accord selon lequel Ortho fournirait le financement pendant un maximum de cinq ans pour permettre à la SOGC de décider du format et de la distribution préconisés de cette revue. Je n'attendais rien en retour. La seule condition à laquelle je tenais dans ce projet était que si la revue venait à voir le jour et avait besoin de toucher des revenus récurrents au moyen de publicités, je garantissais qu'Ortho allait prendre deux emplacements d'annonces. Par la suite, la SOGC allait devoir proposer des offres concurrentielles pour obtenir notre appui à l'instar de toutes les autres entreprises du secteur. Ce numéro spécial qui souligne le 75e anniversaire de la SOGC prouve que cette revue est parvenue à maturité. J'ai publié trois articles dans les premiers numéros du JOGC : Réflexions sur la planification familiale au Canada : Quels progrès avons-nous réellement faits? (octobre 1991), Les pionniers canadiens de la planification familiale (avril 1999) et Le musée de l'histoire de la contraception (avril 2000). De plus, le bulletin de la SOGC a publié une série de huit articles de l'été 2013 à novembre 2014 sur la collection de Percy Skuy sur la contraception au fil du temps. Tous ces articles sont liés, d'une manière ou d'une autre, à l'histoire de la contraception telle qu'elle a été pratiquée au Canada au cours des 100 dernières années. Les années 1980 ont apporté d'importants changements en matière de soins de santé au Canada, comme la réforme de la Loi sur les brevets, l'arrivée de formulaires, la réorganisation des hôpitaux et des entreprises, les nouvelles technologies et la consolidation des ressources. Les investissements en recherche pharmaceutique ont été touchés, et on a concentré la contraception principalement sur les applications hormonales. Cependant, au cours de cette période, certaines recherches novatrices moins visibles sur la contraception ont été menées au Canada, et je vous partage le rôle direct que j'ai joué dans certains de ces concepts. J'ai toujours cru, et je crois encore, qu'il est vraiment nécessaire d'avoir accès à un produit contraceptif fiable et sûr pour les hommes. Dans les années 1980, j'ai pu obtenir un composé original non testé aux fins d’évaluation dans une installation d'Ortho à Toronto. Une étude de 2 ans sur les rats a été organisée pour évaluer la capacité du médicament à contrecarrer au départ le développement du sperme, à garder le rat stérile, puis à rétablir la spermatogenèse. Tout s'est passé comme prévu… tant que les personnes concernées ne sont pas choquées par l'idée de ne plus avoir de reins. La toxicité a gagné la partie. Il semblait y avoir un besoin d'avoir un dispositif intra-utérin (DIU) qui puisse être inséré immédiatement dans l'utérus après l'accouchement et qui ne serait pas rejeté. Un tel dispositif pourrait avoir un rôle à jouer dans les pays en développement. L'intervention consistait en la suture d'un DIU dans l'utérus après l'accouchement. Cette suture particulière a été conçue pour se dissoudre dans les deux semaines suivantes tout en veillant à ce que le DIU demeure en place. Cinq pays ont participé à ce projet. Cependant, les résultats n'ont montré aucun avantage statistique dans l'utilisation de cette méthode par rapport à la simple insertion d'un DIU dans l'utérus sans qu'il y soit attaché. Fin du projet. Les premiers DIU disposaient tous d'une partie qui sortait du col de l'utérus pour en permettre l'identification et le retrait. Afin de simplifier cette situation, OrthoCanada a conçu un DIU contenant un mélange de plastique et de samarium-cobalt, un produit chimique aux propriétés magnétiques. Ce produit chimique allait permettre à un appareil magnétique spécialement conçu de trouver la position du DIU depuis l'extérieur du corps et d'en faciliter l'insertion et le retrait. Le système fonctionnait, sauf que le produit chimique s’échappait du plastique. La toxicité a de nouveau gagné la partie. OrthoCanada a connu un franc succès sur le marché lorsqu'il a présenté sa marque de condom faite de caoutchouc industriel, auquel un petit pourcentage d'utilisateurs était allergique. La fabrication de condoms a nécessité des investissements importants dans l'équipement et la production continue. Une occasion d'exportation s'est fait sentir pour créer l'équipement qui permettrait d'extraire le polyuréthane dans un format requis au moyen d'un appareil conçu au Canada pour la production ponctuelle. Après un certain nombre d'années et bien des millions de dollars, le produit final n'était toujours pas acceptable, et le projet a été abandonné. Au moins, nous avons essayé. Le marché des DIU au Canada était relativement petit. OrthoCanada a reconnu l'occasion de fabriquer et d'exporter le DIU en forme de « T » à partir de son usine de Toronto. Par conséquent, OrthoCanada a non seulement remporté 14 des 16 contrats qui émanaient des Nations Unies, mais aussi un de nos employés a créé une version « plus petite » de cette forme en réduisant de manière significative le diamètre requis pour l'insertion. Une bonne affaire pour le Canada et une bonne affaire pour l'entreprise. En 1965, j'ai rassemblé quelques produits contraceptifs étranges pour faire une brève présentation à un groupe de pharmaciens à Hamilton, en Ontario. Ce rassemblement d'objets a évolué pour devenir une collection mondiale « unique » sur cette histoire particulière. Après avoir passé 40 années dans les installations d'Ortho Toronto, la collection a été remise au Dittrick Medical History Centre, qui fait partie de la Case Western Reserve University à Cleveland, en Ohio, où elle est exposée dans une zone qui lui est réservée de 1000 pieds carrés. Lorsque la collection a été transportée en 2004, elle comptait 700 artefacts. Depuis, elle compte plus de 1100 pièces, et on continue d'en ajouter. Ensemble, nous avons parcouru un long chemin, depuis le retrait d'une loi négative jusqu'au fait d'avoir un flux régulier de nouveaux progestatifs et de nouvelles œstrogènes sous forme de contraceptifs oraux et d'autres modes de contraception. Et pourtant, le taux général d'avortement demeure élevé. La découverte de nouvelles techniques contraceptives novatrices a ralenti.
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