Le fou, le solipsiste et le philosophe
2020; OpenEdition Journals; Issue: 14 Linguagem: Francês
10.4000/philonsorbonne.1511
ISSN2270-7336
Autores Tópico(s)Linguistics and Discourse Analysis
ResumoOn trouve parfois, chez Wittgenstein, la figure du fou associée à celle du philosophe.Mais il s'agit alors généralement du philosophe au sens péjoratif du terme.C'est-à-dire au sens de celui qui profère des non-sens, qui emploie des expressions décrochées de tout usage, sans se donner les moyens de leur conférer un sens.C'est ce dont témoignent ces extraits de De la certitude : 467.-Je suis assis avec un philosophe dans le jardin ; il dit à maintes reprises : « je sais que ceci est un arbre » tout en désignant un arbre près de nous.Une tierce personne arrive et entend cela, et je lui dis : « Cet homme n'est pas fou.Nous faisons de la philosophie ».468. -Quelqu'un dit hors de propos : « Ceci est un arbre ».[…] Sur ce, je lui demande : « Qu'entendais-tu par-là ?», et il répond : « C'était une information qui t'était adressée ».N'aurais-je alors pas tout lieu de penser qu'il ne sait pas ce qu'il dit s'il est assez fou pour vouloir me communiquer une telle information ? 1 Est ici mise en scène la façon dont la parole du philosophe apparaît décrochée de la parole ordinaire, comme si ce dernier ressentait le besoin étrange de dire ou d'affirmer des choses qui précisément vont ordinairement sans dire.C'est d'ailleurs pourquoi il est curieux de les dire.Si l'on conçoit aisément la portée critique de ces remarques et de la comparaison peu flatteuse du fou et du philosophe, on peut aussi y voir une manière de situer la parole philosophique par rapport à celle du fou, voire même une manière de l'autoriser dans une certaine mesure.En effet, dire « Cet homme n'est pas
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