Vers une politique du nudge : l’instrument au service de l’incitation
2021; Issue: 124 Linguagem: Francês
10.25965/as.6699
ISSN2270-4957
Autores Tópico(s)Cultural Insights and Digital Impacts
Resumo1. Introduction Le point de départ de cette réflexion est fourni par la théorie greimassienne de la manipulation, en vertu de laquelle le destinataire-sujet manipulé est poussé vers une position de manque de liberté (devoir faire, ne pas pouvoir ne pas faire) (Greimas et Courtés, 1979, p. 220), et par la théorie des interactions développée par Éric Landowski (2007), quand il considère la manipulation comme un régime d’interaction fondé sur l’intentionnalité (compétence modale), en vertu de la stratégie du vouloir faire, et l’ajustement comme un régime d’interaction fondé sur la sensibilité (compétence esthésique), le faire faire prenant alors la forme du faire sentir. C’est à travers l’entrecroisement de ces deux modèles, mais aussi à travers leur dépassement qu’il est possible de penser la politique du nudge par l’incitation. L’on cerne d’emblée un des enjeux de la réflexion : l’incitation se distinguerait de la manipulation au sens étroit du terme par la part réservée au sentir et à la sensibilité d’une instance à la fois agissante et agie (mue), qui – tel est du moins l’imaginaire associé à la politique du nudge décrite par Richard H. Thaler et Cass R. Sunstein (2010) – échappe à tout rapport de coercition. D’autres filiations théoriques sont possibles. Paul Ricœur définit l’incitation en ces termes : « L’incitation est en moi en tant qu’être de manque et d’élan et peut se composer avec l’incitation du vouloir ; le lien involontaire du savoir-faire au signal concerne non
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