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Hasidism: A New History by David Biale, et al.(review)

2020; University of Toronto Press; Linguagem: Francês

10.1353/his.2019.0075

1918-6576

Pierre Anctil,

Jewish Identity and Society

BIALE, David, et al. − Hasidism: A New History, Princeton, Princeton University Press, 2018, X, 875 p. Du fait de leurs traditions religieuses et culturelles uniques, les hassidim forment dans le judaïsme une sphère particulière qui a souvent échappé à l’analyse scientifique ou qui a posé des problèmes méthodologiques difficiles à résoudre pour les chercheurs. D’abord, la division très stricte des sexes au sein de ces communautés rend toute approche ethnographique, dans le sens classique du terme, assez complexe à réaliser, car un chercheur participant ne peut avoir accès qu’aux personnes de son sexe. Les barrières très élevées qui existent entre ces populations et le monde moderne environnant posent aussi un défi considérable de mise en contact et d’échange soutenu, sans compter les codes vestimentaires très rigides et l’usage répandu de langues juives aujourd’hui devenues marginales comme le yiddish et certains dialectes du hongrois ou du polonais. Malgré ces difficultés d’approche, les hassidim forment des communautés très denses et assez visibles d’un point de vue extérieur dans plusieurs villes du monde, dont New York, Jérusalem et Montréal. On retrouve aussi des adhérents du hassidisme dans de petites localités à l’extérieur de ces grands centres, où ils représentent jusqu’à 99 % de la population, comme à Kiryas Joel et New Square, deux municipalités en banlieue éloignée de New York. Il existe même une communauté hassidique assez isolée à Boisbriand, à une trentaine de kilomètres au nord de Montréal. Dans plusieurs cas, par ailleurs, la présence de juifs hassidiques dans des environnements urbains denses a provoqué des tensions politiques relativement à l’utilisation des espaces publics et au caractère exclusif de ces communautés, dont tout dernièrement au sein de l’arrondissement d’Outremont à Montréal. Comme il est souvent difficile d’obtenir des données objectives fiables sur ces populations minoritaires ou sur leurs croyances judaïques, il convient de saluer la parution récente à Princeton University Press d’un ouvrage aux proportions imposantes intitulé Hasidism: A New History. Dirigée par David Biale, un chercheur hautement reconnu auquel se sont associés sept universitaires de grande réputation, cette somme dépasse en importance et en profondeur tout ce qui l’avait précédée jusqu’à maintenant et offre des perspectives analytiques d’une grande ampleur. Le mouvement de piété hassidique est apparu pour la première fois en Europe de l’Est au milieu du XVIIIe siècle. Il était animé par des personnalités charismatiques qui ont prêché une interprétation mystique du judaïsme, fortement teintée d’émotivité et d’abandon à Dieu. Vivant dans une pauvreté généralisée au sein de l’empire russe et victimes de formes de discrimination spécifiques, de nombreux juifs ont été sensibles à une compréhension du judaïsme prônant une attitude antimatérialiste et le détachement des réalités de ce monde. Le hassidisme proposait aussi, sous la gouverne de son fondateur, Israel Ba’al Shem Tov, une vision holistique du judaïsme, teintée par l’abandon à une figure charismatique jugée digne de mener ses fidèles à la salvation ultime, le rebbe. Ces approches particulières au sein du judaïsme ont souvent contribué à distinguer fortement les hassidim de leurs coreligionnaires adeptes d’autres traditions judaïques, notamment pour ce qui est du comportement social, de la piété exprimée ouvertement et des formes extérieures de la croyance. Étant donné que les adeptes du judaïsme sont loin de s’être joints en masse au hassidisme au cours de l’histoire récente et que les valeurs prêchées par les Hassidim ont souvent pris une coloration sectaire prononcée, la diffusion du hassidisme sous toutes ses formes a entraîné des conflits internes aigus. Ceux-ci ont d’ailleurs beaucoup contribué à la notoriété de ce mouvement spirituel, sujet que le livre dirigé par Biale traite avec beaucoup de force. Face à la modernité et aux avancées de la connaissance scientifique...