Troubles musculo-squelettiques du membre supérieur : combien de cas peuvent être évités ? Estimations à partir de la cohorte Cosali pour la région française des Pays de la Loire
2020; Elsevier BV; Volume: 68; Linguagem: Francês
10.1016/j.respe.2020.03.026
ISSN1773-0627
AutoresAboubakari Nambiema, Julie Bodin, Natacha Fouquet, Sandrine Bertrais, Sabine Stock, Agnès Aublet‐Cuvelier, Alexis Descatha, Yves Roquelaure,
Tópico(s)Orthopedic Surgery and Rehabilitation
ResumoLes troubles musculo-squelettiques du membre supérieur (TMS-MS) sont l'un des problèmes de santé au travail les plus courants et les plus coûteux. En 2018, les TMS-MS représentaient 88 % de toutes les maladies professionnelles en France. L'objectif de cette étude était d'estimer la proportion et le nombre de cas de TMS-MS attribuables aux facteurs de risque (FdR) professionnels chez les salariés des Pays de la Loire (PdL). Au total, 3710 salariés de la région des PdL ont été inclus par tirage au sort dans la cohorte Cosali entre 2002–2005 par des médecins du travail de la région. Les participants ont bénéficié d'un examen clinique standardisé selon le consensus européen SALTSA recherchant six types de TMS-MS. Les données sur les caractéristiques personnelles et les conditions de travail ont été recueillies au moyen d'un auto-questionnaire. Entre 2007–2010, 1611 salariés ont été réexaminés. Seuls les salariés indemnes de TMS MS à l'inclusion et avec au moins une des six TMS-MS diagnostiqués au suivi (syndrome du canal carpien, syndrome de la coiffe des rotateurs, épicondylite latérale, syndrome du tunnel cubital, tendinite des extenseurs/fléchisseurs de la main et des doigts et ténosynovite de De Quervain) ont été inclus dans cette étude (734 hommes et 512 femmes, âge moyen 38 ans ± 8,6). Les risques relatifs et leurs intervalles de confiance à 95 % (RR [IC95 %]) ont été estimés à partir de modèles de Cox avec un temps de suivi constant et une variance robuste. À partir du modèle multivarié, les fractions de TMS-MS attribuables (FRA) aux FdR ont été estimées. Le nombre total de cas incidents de TMS-MS au niveau régional (NT) a été estimé après redressement des poids des de l'échantillon à l'aide des données du recensement 2007. Le nombre de TMS-MS évitables a été obtenu en multipliant la FRA par le NT. Au cours du suivi, 139 cas (11 % de l'échantillon d'étude, 74 cas chez les hommes et 65 cas chez les femmes) de TMS-MS ont été diagnostiqués. Au niveau des PdL, ces 139 cas représentaient 129 320 nouveaux cas de TMS-MS en 2007. Les FdR professionnels associés à l'incidence de TMS-MS dans le modèle multivarié après ajustement sur les FdR personnels étaient : « efforts physiques élevés (échelle RPE de Borg ≥ 13), prévalence [Prev] = 46 % » avec un RR = 1,52 [1,07–2,17], « travail avec les bras au-dessus de l'épaule (≥ 2 heures/jour), Prev = 10 % » avec un RR = 1,57 [1,04–2,39] et « faible soutien social, Prev = 36 % » avec un RR = 1,41 [1,03–1,92]. Sur les 129 320 nouveaux cas estimés à l'échelle des PdL en 2007, le nombre de cas pouvant être attribués aux FdR, par ordre décroissant, était estimé à 26 381 pour les efforts physiques élevés, représentant 20,4 % de tous les nouveaux cas de TMS-MS, 16 682 (soit 12,9 % de tous les nouveaux cas) pour un faible soutien social et 8535 (soit 6,6 %) pour un travail avec les bras au-dessus de l'épaule. Une part importante des TMS-MS dans les PdL pourrait être évitée en réduisant les expositions professionnelles telles que les efforts physiques, le travail avec les bras au-dessus de l'épaule et en améliorant le soutien social de la hiérarchie et des collègues. Ces résultats permettent d'estimer le nombre de TMS-MS potentiellement évitables par des actions préventives à l'échelle de la région étudiée. En termes de santé publique, nos conclusions sont en accord avec la littérature ergonomique qui postule qu'une forte proportion de TMS-MS est évitable en modifiant les FdR sur le lieu de travail.
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