La plantée by Hédi Bouraoui
2019; American Association of Teachers of French; Volume: 92; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2019.0246
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Multiculturalism, Politics, Migration, Gender
ResumoReviewed by: La plantée by Hédi Bouraoui Lydia Belatèche Bouraoui, Hédi. La plantée. CMC, 2017. ISBN 978-2-924319-32-1. Pp. 130. Il n'est pas étonnant que l'auteur franco-tunisien de ce récit ait à son actif une vingtaine de recueils de poésie. En effet, Bouraoui rend hommage aux poèmes en prose de Baudelaire grâce à son héroïne, Héloïse Orsini, une architecte-peintre qui déménage à l'île de Djerba où elle vit "son quotidien dans le calme, luxe et volupté" (107–08). L'auteur redéfinit l'amour à travers la voix de Jean-Marc Léger, un "poète octogénaire" (9) qui vit à Paris: "L'amour ne se nourrit pas d'attente et d'oisiveté, mais d'angoisse et de nervosité. Il ne chante pas dans le vide. Sa tonalité ne s'accorde qu'aux accents de la complicité" (12). La rencontre inattendue de l'architecte-peintre et du poète forme la première partie du récit, avec une Héloïse qui "a quarante ans, mais elle en paraît trente" (9). Dans un second moment, Samir Arhab, le meilleur ami de Jean-Marc et un maître d'hôtel, veut lui aussi découvrir le secret du "charme fou" d'Héloïse (9). Lorsqu'il observe dans une synagogue à Marseille une fresque peinte par elle, il voit rayonner la poésie: "cet univers débordant d'espoir et de poèmes printaniers" (65). Le titre, incarné par Héloïse, n'indique pas si la plantation est réussie ou ratée. Cela dit, l'héroïne explore les notions de l'enracinement et du déracinement par ses voyages (Paris, Marseille, Tunisie) et par ses rapports avec les hommes (notamment un sculpteur environnementaliste, Habib Skandrani, quand elle atteint ses soixante-dix ans). Héloïse est surtout à la recherche de ses origines familiales. L'auteur joue beaucoup avec son prénom, en évoquant non seulement l'Héloïse d'Abélard et de Rousseau, mais en comparant son héroïne à la Belle, à Pénélope, à une sirène, et à Ariane, la "Fileuse du temps" (38). Plusieurs titres de chapitre décrivent les différents rôles possibles pour Héloïse: "La Traquée", "L'Échaudée", "La Super-sensible", "La Scripteuse" et "La Fragmentée". Héloïse admet que, quoique la politique en Tunisie l'intéresse peu, elle [End Page 251] embrasse l'élan de sa jeunesse et admire la bravoure de Lina Ben Mhenni, auteure de Tunisian Girl: bloggeuse pour un printemps (116). Héloïse fait face à plusieurs choix dans sa vie religieuse: Jean-Marc la nomme "une Juive tunisienne" (21) mais sa "spiritualité œcuménique" la place "hors de toute Synagogue, Église ou Mosquée!" (111). Dans son récit, Bouraoui tient énormément à "la langue de Molière et de Racine" (33), mais il admire aussi la langue arabe et décrit le moment merveilleux où Héloïse maîtrise la langue de ses ancêtres: "Que de splendides révélations! Les mystères d'un paysage lingual autrefois clos s'ouvrent en fleurs exotiques aux couleurs vives de l'altérité, soudainement muée en familiarité" (97). Le récit ne manque pas de pensées fulgurantes, comme celle qui donne au dessert le pouvoir de capter l'attention des amoureux dont la "vérité échoue devant le choix de dessert qui a fait se replier chacun dans son assiette émotionnelle" (62). L'auteur implique aussi les lecteurs dans la même illusion des personnages: "[e]n réalité, ne sommes-nous pas tous en train de vivre dans l'illusion suprême de contrôler plus ou moins notre sort?" (32). Lydia Belatèche University of Minnesota Copyright © 2019 American Association of Teachers of French
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