Tu écouteras ta mémoire: cent très brefs récits by Gilles Archambault
2020; American Association of Teachers of French; Volume: 93; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2020.0149
ISSN2329-7131
AutoresKhadija Khalifé, J. Vincent H. Morrissette,
Tópico(s)Cultural Insights and Digital Impacts
ResumoReviewed by: Tu écouteras ta mémoire: cent très brefs récits by Gilles Archambault Khadija Khalifé and J. Vincent H. Morrissette Archambault, Gilles. Tu écouteras ta mémoire: cent très brefs récits. Boréal, 2019. ISBN 978-2-7646-3581-0. Pp. 136. Auteur d'une œuvre variée et abondante, Archambault publie à 85 ans ce recueil de souvenirs intimes, de réflexions personnelles et de récits. Au cours de ce mélange littéraire, Archambault avoue certains de ses travers. D'emblée, il note son incapacité d'envier quiconque, y compris les jeunes qui depuis quelques années "s'adressent à moi avec un air de commisération qui me gêne bien un peu […] Les choses seraient plus simples si j'enviais l'aisance qu'ils ont à se mouvoir, ces jeunes gens, si je leur en voulais de leur vigueur" (11). Auteur primé à maintes reprises, Archambault ne prise aucunement son œuvre et avoue ne jamais avoir eu beaucoup d'ambition. Il nous rappelle qu'il a "publié quelques romans […]. On en a peu parlé et c'est tant mieux" (31). Pis encore, il estime sa vie "inutile" (32). Un jour qu'il est obsédé par le vers de La Fontaine "Passe encor de bâtir; mais planter à cet âge!", il finit "par [se] demander ce [qu'il] avai[t] semé tout au long d'une vie interminable". Et de répondre lui-même à sa question: "Le moins de choses possible, j'espère" (48). Il n'est guère plus indulgent envers les écrivains: "les écrivains m'ont toujours horripilé. Leur assurance, leurs prétentions. […] Comme s'ils s'imaginaient que la Terre s'arrêterait de tourner le jour où ils cesseraient d'écrire" (31). Les lecteurs, eux, ne reçoivent pas un meilleur traitement: ce sont "des pestes, insatiables, indiscrets, comme s'ils vous tenaient pour leur obligé" (31–32). Il y a cependant un écrivain contemporain (qu'Archambault évite de nommer) qui l'enchante pour "sa vision du monde, son univers pour moi si unique, si merveilleux" (44). Archambault croit ne pas être né pour le plaisir. Il reconnaît avoir reçu plus que sa part de joie, tout en admettant qu'il n'a "peut-être pas su la ressentir dans toute sa plénitude" (24). Il n'a pas vécu le grand amour. Il a épousé Isabelle, une femme qu'il n'est pas sûr d'avoir aimée. Quand elle l'a quitté, "il m'a semblé que tout s'écroulait. D'autres que moi auraient songé à recourir à des moyens extrêmes. […] Je me suis contenté de pleurer" (14). La mère d'Archambault tenait un journal qu'il a trouvé après sa mort. Cette femme, qu'il a aimée un peu plus qu'il était d'usage dans les familles québécoises du temps et qui a même été sa principale confidente à l'adolescence, lui révèle dans son journal "qu'elle le détestait, qu'elle lui en voulait d'être ce qu'il était, d'être devenu écrivain, […] d'être un salaud" (58). Il est tellement atterré par cette déception maternelle qu'il se demande si, scripta manent, elle n'est pas devenue désormais son "ennemi plus tenace" (57–58). Tu écouteras ta mémoire compte parmi ces livres qu'il faut lire en petites doses en [End Page 233] réfléchissant à son passé, à son présent et à son avenir… à ses valeurs, à ses failles, à ses humeurs, à ses contradictions, à ses vacillements, bref à sa propre vie. J. Vincent H. Morrissette Independent Scholar Copyright © 2020 American Association of Teachers of French
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