Artigo Revisado por pares

Premières neiges sur Pondichéry par Hubert Haddad

2018; American Association of Teachers of French; Volume: 92; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2018.0054

ISSN

2329-7131

Autores

Khadija Khalifé,

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Reviewed by: Premières neiges sur Pondichéry par Hubert Haddad Khadija Khalifé Haddad, Hubert. Premières neiges sur Pondichéry. Zulma, 2017. ISBN 978-2-84304-785-5. Pp. 192. On dirait un moribond dont on assiste aux dernières heures pendant lesquelles il se rappelle de manière chaotique les moments importants de sa vie. Pourtant, Hochéa Meintzel, qui effectivement oscille entre présent, souvenirs et rêves, est en déplacements incessants et ne meurt pas. Ce violoniste virtuose de l'Académie de musique de Jérusalem, devenu aveugle après un attentat contre un autobus, veut voir clair. Alors, il s'exile volontairement à Pondichéry en Inde. Et pour cause: il reproche à Israël d'avoir raté une"paix concertée, réfléchie et peut-être fraternelle avec les Palestiniens" (86). Israël devenant "le symptôme d'une récession" (86), Hochéa ne peut plus s'en réclamer: "je ne suis plus Israélien et je ne veux plus être juif, ni homme, ni rien qui voudrait prétendre à un quelconque héritage" (11), déclare-t-il devant le public de la Hebrew University de Jérusalem. Celui-ci, jusqu'alors enthousiaste, le désavoue immédiatement: "les gens le fuyaient comme par réflexe. On se détournait alors de tout ce qui menaçait de remettre en question les sacro-saints principes identitaires" (86). Le souci de Hochéa est ailleurs: il est simplement à l'écoute de la vérité. Même s'il énonce que les Juifs et les Palestiniens sont "une même âme, un même chant d'avenir" (85), le vieux musicien ne prétend faire passer aucun message. Il voudrait se défaire des attaches et "faire le vide autour de [lui] afin de s'y plonger sereinement" (105–06). Il commence par se séparer de son pays et de Samra, sa jeune fille adoptive d'origine palestinienne. L'expulsion volontaire de ce musicien de renommée internationale, né dans un ghetto juif polonais et naturalisé israélien, semble être le prolongement logique de l'exode récurrent des Hébreux. Mais pourquoi l'Inde? Et qu'y cherche-t-il? "Ignorant tout de l'autre rive, il s'était engagé sur un pont inconnu, peut-être rompu au milieu du vide" (54). La vérité est d'essence mystérieuse, mais peut-être s'exprime-t-elle au travers des déambulations? Au cours de son périple entre les villes indiennes au Tamil Nadu et au Kerala, son expérience personnelle (ses interprétations en Europe, sa vie à Jérusalem, ses déplacements en Inde) s'emmêle dans les péripéties historiques (l'Holocauste en Europe, Jérusalem avant l'assassinat d'Yitzhak Rabin et après l'Intifada) et les légendes bibliques (la défaite du royaume de Juda, l'exil à Babylone, l'histoire du lévite Adonias). Les sensations présentes se mêlent aux souvenirs. Ainsi "une odeur d'égout et de fleurs pourries" en Inde se fond-elle avec "une nécropole remplie d'enfants et de femmes" de la Shoah (28). Anéanti par le meurtre de sa fille adoptive dans un autre attentat-suicide à Jérusalem (137), le violoniste,"sans appui ni protection" (139), trouve néanmoins un élément d'espérance: "il faut jouer Bach pour garder la foi", se dit-il (52). Se serait-il enfin affranchi de la contingence de l'existence et des ordres identitaires préétablis? L'art et l'absolu se superposeraient-ils? En fait, la vérité reste impénétrable parce qu'en "plus d'être informulable, [elle] est inaudible" (85). [End Page 266] Khadija Khalifé University of Portland (OR) Copyright © 2018 American Association of Teachers of French

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