Artigo Revisado por pares

Le chemin montant by Gilles Vigneault

2020; American Association of Teachers of French; Volume: 93; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2020.0208

ISSN

2329-7131

Autores

Khadija Khalifé,

Tópico(s)

French Literature and Critical Theory

Resumo

Reviewed by: Le chemin montant by Gilles Vigneault Khadija Khalifé Vigneault, Gilles. Le chemin montant. Boréal, 2018. ISBN 978-2-7646-2559-0. Pp. 120. On s'égare. Les occupations quotidiennes et futiles nous ravissent nos rêves et nous éloignent de nous-mêmes. Heureusement que le poète-chanteur est là pour nous rappeler à l'ordre. Il nous captive dès les premiers vers: "Sur le chemin montant qui menait jusqu'à vous J'ai changé de bâton, j'ai changé de semelles Et quand je m'attardais assis près des margelles, Le pèlerin en moi restait toujours debout" (7). Sans doute la bien-aimée se trouve-t-elle à l'altitude dans cette ascension d'envergure médiévale—on l'imagine bien dans sa citadelle: "Je souhaite à mes paroles Chemin jusqu'à votre cœur" (26). On continue la lecture et on se rend compte que la chasse au trésor implique également la poésie: "Que de pas, que de mots à faire, à dire encore Pour nos pieds fatigués marchant vers le silence" (34). Outre par les images, on est captivé par la beauté d'une langue caressante: "La musique d'un mot La forme d'un visage!" (29), "Des effluves de pain frais" (66), etc. Le poète espère saisir les choses mais celles-ci lui échappent: "Chaque mot n'est qu'un pas de plus sur de la neige Le printemps n'aura pas de mal à l'effacer" (7). Rien ne perdure, tout s'efface et revient, comme les saisons: "La terre est neuve Et si naïve… Il faut tout lui apprendre Et chaque fois recommencer!" (58). L'éternel retour n'est toutefois pas toujours le même. Lorsque le vieillard chante sa "vaillante chanson d'ailleurs et d'autrefois", voilà que "Les couplets s'entremêlent Pour n'avoir reconnu Ni les mains ni la voix Qui la savaient par cœur" (8). Et pourtant, le poète semble très heureux, il brûle de désir et la griserie le déborde: "J'ai le mot: baiser Tout prêt pour des lèvres Et j'ai le mot: fièvre Qui veut m'embraser!" (19). La ferveur lui permet de réinventer un bonheur potentiel avec la bien-aimée: "Toucher votre main" (18), "Toucher votre cœur" (19), des mots "qui touchent les vôtres" (18). La mélodie continue. Et les mots, se fondant sur la neige, dissipent mes scrupules. On recommence à rêver comme dans l'insouciance de notre enfance: "Avec un cerf-volant, le vent Promène un enfant sur la plage" (60). On continue le pèlerinage vers la cime. On finit même par se plaire dans ces fantaisies et ce ravissement aérien. "Finit-on par aimer Ses chaînes?", murmure le poète-enchanteur (23). Si c'est la poésie qui m'enchaîne [End Page 217] au bonheur, si c'est par la poésie que je combats l'angoisse de ma finitude, et que je brave les actualités, la déception, l'abandon et l'incertitude, alors pourquoi pas? Khadija Khalifé Defense Language Institute (CA) Copyright © 2020 American Association of Teachers of French

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