Léon-Gontran Damas: les détours vers la Cité Neuve by Antonella Emina
2019; American Association of Teachers of French; Volume: 93; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2019.0104
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)African history and culture studies
ResumoReviewed by: Léon-Gontran Damas: les détours vers la Cité Neuve by Antonella Emina Edward Ousselin Emina, Antonella. Léon-Gontran Damas: les détours vers la Cité Neuve. L'Harmattan, 2018. ISBN 978-2-343-15745-0. Pp. 168. Damas (1912–1978), un des trois grands poètes fondateurs de la Négritude, est moins connu que Senghor et Césaire. Emina va jusqu'à parler de "l'inattention dont l'auteur guyanais a souffert tout au long de sa carrière et même après sa mort" (62). L'auteur des recueils poétiques Pigments, Black-Label et Névralgies a mené une vie itinérante, de la Guyane aux États-Unis, en passant par la Martinique et l'Hexagone (ainsi que plusieurs voyages à travers l'Amérique du Sud et l'Afrique). Il a d'autre part exercé plusieurs activités professionnelles: député de la Guyane à l'Assemblée nationale (1948–1951), délégué de la Société africaine de culture à l'UNESCO et enseignant universitaire aux États-Unis (à Georgetown U. et Howard U.). Multiculturaliste avant l'heure, son autoprésentation dans Black-Label en tant que métis noir, amérindien et blanc d'origine guyanaise ("Sur la Terre des parias") est restée célèbre: "trois fleuves coulent dans mes veines". La première partie du livre d'Emina est consacrée à des présentations générales de la vie et de l'oeuvre du poète. À côté des détails biographiques, chacune des oeuvres de Damas est contextualisée et commentée. La deuxième partie, "Penser en poésie", a pour but de dégager des constantes dans un corpus divers, constitué de poèmes et d'essais écrits (et parfois réécrits) à diverses périodes de la vie de l'auteur et en des lieux variés. Sont ainsi abordées une série de thématiques catégorisées et illustrées par des citations, la question de l'identité dans [End Page 194] un monde inégalitaire ("Moi et les autres"), ainsi que le sujet récurrent du rythme "musical", s'accompagnant de l'usage inattendu des sonorités tout au long des vers produits par Damas, qui était par ailleurs un grand amateur de musique jazz. Emina analyse minutieusement tous les recueils du poète, y compris le quasi introuvable "livre fantôme", Dernière escale, publié à titre posthume en 2012. Elle compare également, citations à l'appui, les éditions successives de Pigments (1937, édition définitive en 1962): "En somme, une lecture de Pigments, au fil de son histoire, laisse percevoir les détails de la prise de conscience du poète" (52). Les lecteurs apprécieront, par exemple, les versions comparées du poème "Solde", avec son fameux incipit, "J'ai l'impression d'être ridicule" (46). Plus loin, dans le chapitre sur les thématiques de l'oeuvre, Emina revient sur"le côté bouffon, outrancier, de mauvais goût et absurde de l'assimilation" (105) qui est au centre de ce poème dénonciateur. De même, à propos du poème rétrospectif "Hoquet", les éléments biographiques viennent renforcer l'analyse thématique: "À côté du Moi collectif et mythique, existe un Moi que la mémoire individuelle peut reconstruire dans les souvenirs" (116). L'étude soigneusement documentée d'Emina permet d'approfondir la lecture de la poésie damasienne. Edward Ousselin Western Washington University Copyright © 2019 American Association of Teachers of French
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