Sauvage toi-même by Bernard N'Kaloulou
2019; American Association of Teachers of French; Volume: 93; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2019.0043
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)African history and culture studies
ResumoReviewed by: Sauvage toi-même by Bernard N'Kaloulou Patrick H Moneyang N'Kaloulou, Bernard. Sauvage toi-même. L'Harmattan, 2018. ISBN 978-2-343-15045-1. Pp. 184. C'est une injustice sociale dont on parle peu: la marginalisation des Pygmées en Afrique. Le sujet ouvre une réflexion difficile et douloureuse, tenant principalement du fait que plus d'un demi-siècle après les indépendances, la condition de ces premiers habitants de la forêt ne s'est pas améliorée. Tel est le constat et l'enjeu de la narration qui explore le sort tragique réservé aux Pygmées d'Afrique centrale. Leurs concitoyen(ne)s Bantous continuent de les regarder et traiter comme des "sauvages"; c'est-à-dire des sous-hommes et sous-femmes. En prenant pour appui l'histoire du pasteur bantou Konda Mambo—le personnage principal—le narrateur décrypte ces rapports déplorables entre Bantous et Pygmées, notamment le racisme anti-Pygmées sévissant encore au Congo et dans d'autres pays de la sous-région. Le jeune homme, après quatre ans d'études de théologie en Suède et à peine âgé de 24 ans, retourne dans son Congo (Brazzaville) natal en 1960 pour commencer son ministère pastoral. Préférant l'arrière-pays à la ville, il s'établit à Sibiti, qui abrite la plus grande concentration des Pygmées du Congo, à savoir 30% des 90 000 que compte le pays. Comme on pouvait s'y attendre, il est immédiatement confronté aux diverses exactions dont sont victimes les Pygmées au quotidien: la destruction de leur milieu naturel, les discriminations de toutes sortes, le mépris, les humiliations, les violences, l'exploitation de la part des Bantous et des patrons des grandes firmes étrangères. Face à cette réalité, [End Page 225] Konda Mambo refuse de se faire complice et choisit de s'engager en faveur des Pygmées. Il fait de l'amélioration de leurs conditions de vie son combat principal, se rapproche d'eux, tisse des liens d'amitié forts et se donne pour mission première la scolarisation des enfants Pygmées. Ce dévouement pour la cause des Pygmées qui dure jusqu'à sa retraite en 2001 lui vaudra le surnom de "pères des Pygmées" et va constituer le fil unissant les vingt-sept chapitres composant l'ouvrage. Chacun révèle une ou plusieurs problématiques en rapport avec l'oppression et la survie des Pygmées. En ce sens, le grand intérêt du texte est sans doute sa valeur documentaire. Car en adoptant la posture de chroniqueur de la cause des Pygmées, le narrateur livre un bilan très exhaustif et une perspective critique importante sur leur quarante ans de présence en Afrique postcoloniale. S'y alternent des histoires particulières et collectives, des événements, des faits divers et surtout des réflexions apportant un éclairage sur l'histoire, la culture, les valeurs et les luttes des Pygmées d'Afrique centrale. Le lecteur constatera vite que cette écriture résolument engagée pour les droits des minorités persécutées se joue des frontières entre fait et fiction, et ce jeu constitue l'autre intérêt du texte: réactualiser le débat sur l'autonomie de l'art et le rôle de l'écrivain(e) africain(e). Enfin, l'itinéraire du protagoniste nourrit l'étude sur le retour (heureux) du migrant africain, et cette éventualité est posée en conjonction avec le choix d'une vocation pensée en matière de service aux plus vulnérables de sa communauté. Patrick H Moneyang Pacific Lutheran University (WA) Copyright © 2019 American Association of Teachers of French
Referência(s)