Artigo Revisado por pares

L'atelier réal. by Laurent Cantet

2019; American Association of Teachers of French; Volume: 92; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2019.0200

ISSN

2329-7131

Autores

Cheira Lewis,

Tópico(s)

French Literature and Critical Theory

Resumo

Reviewed by: L'atelier réal. by Laurent Cantet Cheira Lewis Cantet, Laurent, réal. L'atelier. Int. Marina Foïs, Matthieu Lucci, Florian Beaujean, Mamadou Doumbia. Archipel 35, 2018. Presque 10 ans après avoir remporté la Palme d'or pour Entre les murs, Cantet tourne cette fois-ci son regard vers la jeunesse de La Ciotat, son mal-être, et le rapport de celle-ci à son passé (la fermeture des chantiers navals en 1987) et présent. Il s'agit d'un film plutôt bien réussi qui mise principalement sur la performance d'un nouveau venu (Matthieu Lucci) et d'un cadre géographique encore trop peu vu au cinéma. Olivia (Marina Foïs), romancière parisienne réputée, accepte d'animer un atelier d'écriture pour de jeunes adultes (cinq jeunes hommes et deux jeunes femmes d'origines diverses) de La Ciotat sélectionnés par Pôle emploi et dont la participation est contrainte ou volontaire. D'emblée, le groupe questionne la présence de la romancière (qui incarne un monde bien à part) ainsi que sa manière de parler. De plus, l'écriture d'un roman noir et le rôle de la littérature en général provoquent un certain scepticisme de la part des participants. L'approche quelque peu volontariste d'Olivia finit par se [End Page 199] heurter rapidement à des réalités qu'elle ne peut ni changer ni contrôler. Elle tente tant bien que mal d'expliquer l'enjeu de l'écriture romanesque ainsi que sa qualité salvatrice puisque, selon elle, l'écriture permet aux jeunes stagiaires "d'échapper au désœuvrement, de se donner confiance", mais un élément perturbateur, Antoine (Matthieu Lucci), contrecarre, provoque et tout bonnement questionne de manière troublante (voire agressive) l'objectif de l'atelier ainsi que les talents de l'écrivaine. On découvre par la même occasion qu'Antoine fréquente une bande partisane de l'idéologie d'extrême-droite, qui se plaît, entre autres, à épier un campement de Roms en pleine nuit tout en contemplant la possibilité d'en tuer quelques-uns. Tout repose sur Antoine, ce qu'il dit et surtout ce qu'il ne dit pas. Ses actions, vues à travers une multiplicité d'écrans (réseaux sociaux, jeux vidéos), ses baignades solitaires dans les calanques, ses provocations verbales ne font qu'amplifier l'ambiguïté et la complexité du regard qu'il porte sur ses contemporains et en particulier Olivia. L'interprétation d'Antoine est tout en nuances, et les dialogues entre les deux protagonistes principaux, Antoine et Olivia, ne manquent pas de laisser place au non-dit, à la tension grandissante entre deux mondes radicalement différents. L'intrigue du film bascule dans le thriller au moment où Antoine menace Olivia avec une arme à feu et la force hors de sa maison au milieu de la nuit, direction les calanques. Le talent de portraitiste de Cantet revient en force dans ce film. Celui-ci attache un soin tout particulier au duo Antoine-Olivia, mais cette focalisation se fait regrettablement aux dépens des autres excellents acteurs non-professionnels qui mériteraient un peu mieux que des rôles étiquetés (la Maghrébine, l'Africain, le chômeur, l'Arabe...). Sans parti pris, le film tente de contextualiser l'histoire des chantiers navals et s'interroge sur les défis auxquels les jeunes font face (chômage, montée des extrémismes, Daech). La précarité de leur présent et les discussions animées dans le cadre de l'atelier d'écriture permettraient aux étudiants (tous niveaux confondus) d'aborder les mêmes questions. Cheira Lewis DePauw University (IN) Copyright © 2019 American Association of Teachers of French

Referência(s)
Altmetric
PlumX